Zoom sur Jeunesse

Rencontrer l’art

Rencontrer l’art
Zoom sur l’éducation artistique.

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Une journée au cœur de l’éducation artistique

Nous étions plus d’une centaine de bibliothécaires et enseignants à nous retrouver le 10 mars pour la 11ème journée d’étude Lecture et Jeunesse accueillie au Parc culturel de Rentilly. Nous avions dans la tête les réflexions autour du Parcours d’Education artistique et culturel, la réforme des rythmes scolaires, les NAP, ou TAP, sigles aux étranges sonorités qui tendent, eux aussi, à laisser plus de place aux pratiques artistiques et culturelles. Nous venions avec beaucoup de questions : persuadés que la rencontre avec l’art est sensible et subtile. Bref, nous avions besoin d’un temps en commun, acteurs du monde de l’ éducation et de la lecture publique pour avancer avec justesse, de concert. Cette journée nous a aidés à penser ensemble, bibliothécaires et enseignants, à savoir où nous étions quand nous transmettions.

Des pistes en ligne et certains des textes des intervenants !

Faire, sentir, penser : le rôle de l’éducation artistique par Jean-Gabriel Carosso, directeur de l’Oizeau rare, association de recherche et d'action culturelles.

Pourquoi « l’EAC » est-elle à la mode ? Côté monde de la culture, on peut dire que la question de l’EAC émerge enfin grâce au travail des militants de l’éducation populaire et des pédagogies dites nouvelles. La politique culturelle uniquement fondée sur l’offre ne touche que 20% de la population : il devient urgent de former les publics, d’élargir le spectre. L’EAC semble une piste à explorer. Côté éducation, le système est lourd et se trouve dans la nécessité de sans cesse s’adapter, d’inventer de nouvelles pédagogies. Face à la complexité des savoirs, qu’est-ce que l’on transmet et comment ? Quelles valeurs nous seront communes, feront référence dans un monde où la culture est de plus en plus fragmentée ? Comment dès lors faire société ? Le champ de l’EAC se place au croisement de ces deux questionnements fondamentaux. Le monde de la culture et celui de l’éducation ont là une opportunité de travail en commun.

Jean-Gabriel Carosso a alerté sur la nécessité de s’interroger sur le sens des mots que nous utilisons : éducation (centrée sur la personne, aide la personne à grandir) n’est pas enseignement (transmission de savoir). De même art et culture, savoir et connaissance ne recouvrent pas les mêmes notions. L’art est du côté de l’activité humaine, de la pratique appuyée sur un mouvement perpétuel de recherches et de formation. Nous sommes dans la verticalité. La culture est le rapport que l’on entretient avec l’art. C’est la même différence qu’entre sciences et culture scientifique. Gardons à l’esprit que l’histoire de la natation n’a jamais aidé personne à nager et que la connaissance est un savoir transformé en expérience de vie. L’éducation par la connaissance n’est donc pas la même que celle fondée uniquement sur le savoir.

Pour un projet idéal d’EAC, nous devrions donc nous appuyer sur trois pieds :

  • faire : activité personnelle, avoir l’expérience 
  • éprouver : voir des expositions, lire, regarder des films, entrer en contact avec des œuvres artistiques fortes et non avec des produits culturels…
  • réfléchir : s’approprier l’œuvre, comment en parler ? Qu’est-ce que cela me renvoie ? CF aussi du côté d’Edgar Morin, sur l’appropriation, la « disjonction excessive des disciplines » fait perdre à l’élève le sens de la complexité du réel, la saveur des savoirs et la passion d’apprendre.

Il faut défendre le pourquoi de l’éducation artistique :

  • aider chacun à se construire, passer du bavardage à la parole, de la gesticulation au geste. 
  • créer de la dimension collective qui ouvre sur la socialisation.

Bref, il ne suffit plus de diffuser, il faut laisser infuser et se demander sans arrêt comment on crée les conditions de l’infusion. La formation des acteurs est essentielle en ces domaines. Il faudrait mettre en place des universités d’été, des temps dans la formation des enseignants. Et se dire que nous avons moins à former des élites que des humains. La question de l’évaluation de l’éducation artistique est aussi à poser : un travail artistique en train de se faire ne s’évalue pas comme un devoir : les revirements, hésitations, retours, erreurs sont autant d’étapes à accepter.
Sil fallait conclure le propos de Jean-Gabriel Carasso, ce serait de dire que L’EAC est un combat essentiel et joyeux mais que pour le mener avec justesse, il faut s’armer intellectuellement pour le défendre et éviter les dérives.
Retrouver les travaux de JG Carosso et l’association l’Oizeau rare.

Quand la danse rencontre l’écriture ou inversement : une histoire sensible des corps et des mots

Festival Concordan(s)e. Présentation par le directeur, Jean-François Munnier. Commander à un chorégraphe et un écrivain de créer ensemble, voilà le défi que lance Jean-François Munnier. C’est un mariage éphémère, de deux créateurs qui ne se connaissent pas et qui vont travailler ensemble sur un espace de 6 mètres sur 6 pour aboutir à un objet artistique. L’idée n’est pas d’élaborer un spectacle en tant que tel mais de vivre une expérience, une rencontre. Cette construction légère comme le processus de mini-résidence des deux artistes ont déjà été accueillis en collège et en bibliothèque. La première séance est sous la forme d’une carte de visite lors de laquelle les deux protagonistes se présentent. La séance d’après est la présentation du duo dansé, suivie d’échanges. La troisième est un temps d’exercice pratique pour les élèves où à partir d’une proposition, ils sont amenés à expérimenter le mélange danse et écriture.

Quels sont les enjeux sociologiques de la rencontre avec l’art aujourd'hui ?
Par Roger Balboni , sociologue spécialiste de l'art, ancien président du centre d'art Passages à Troyes.

La visite au Musée, la séance de cinéma, l’écoute musicale, autant de classiques à repenser. Les enjeux de la médiation aujourd’hui. Comment construire pour des jeunes un parcours éducatif, sensible et structurant ?

Des visites singulières dans les expositions du Mac Val : le point de vue de Céline Latil, responsable du centre de documentation du MAC/VAL .

Voir des films autrement : mettre un film en regard d’un autre, monter des extraits de films de l’histoire du cinéma en fonction d’une thématique ( ex : la peur), oraliser un système de questions et réponses pour regarder autrement et fonder l’avancée de la réflexion critique à partir des réponses des jeunes, avancer avec eux tout en leur apprenant à ralentir pour voir, voilà les axes de Gabrielle Sébire de la Cinémathèque française.

"Dix mois d'Ecole et d' Opéra" pour l'Académie Créteil avec Dominique Laudet, professeur en charge du dispositif :

Partenariat d’exception entre les académies de Paris, Versailles, Créteil et l’Opéra national de Paris, depuis 1991, Dix Mois d’École et d’Opéra est un programme unique destiné aux élèves relevant de l’Education prioritaire et n’ayant pas facilement accès à l’Art et à la Culture. Il s’agit pour toutes les équipes pédagogiques engagées dans cette action pendant deux années consécutives de contribuer à la réussite de chaque élève en développant des parcours pluridisciplinaires à haute teneur artistique et culturelle, en appui sur l’univers de l’Opéra.

Dans le cadre d’une démarche de projet, les visites des quatre sites de l’Opéra national de Paris, les rencontres régulières avec les professionnels de l’Opéra, les invitations aux répétitions et représentations d’opéras et de ballets nourrissent les projets des classes. Grâce au mécénat dont bénéficie le programme Dix Mois d’École et d’Opéra, ces projets peuvent être enrichis par des ateliers permettant aux élèves de s’engager dans une pratique artistique

  • danse, chant, musique, théâtre, arts visuels.

Dans la mesure où chaque parcours se développe au cœur de la classe comme à l’Opéra, les élèves apprennent à préparer chaque temps fort, à rendre compte de leurs découvertes, à exprimer émotions et interrogations et à développer leur sens critique. Ils se responsabilisent en travaillant ensemble autour de nouvelles thématiques. Ecoute, autonomie, respect, dialogue et cohésion sont renforcés au fil de l’action. Simultanément, la créativité de chaque élève est prise en compte à travers la préparation de spectacles, d’expositions qui permettent de mettre en lumière et en valeur la diversité infinie des productions en lien avec les nombreuses facettes de l’Opéra.

Le programme Dix Mois d’École et d’Opéra publie annuellement un Carnet d’Opéra et le Journal « DIX MOIS ! » qui reflètent non seulement la richesse et l’originalité de tous les projets pédagogiques mais aussi l’inventivité et le sens de l’observation dont font preuve les élèves.

Après le succès du spectacle 14+18 donné dans les Opéras de Paris, Nancy et Reims, Dix Mois d’École et d’Opéra présentera la seconde édition du Festival « 1, 2, 3, Opéra ! » en juin 2015 à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille. Trois soirées permettront à 10 classes de présenter les nombreux aspects de leur investissement à travers plusieurs spectacles et une exposition dans les espaces publics de l’amphithéâtre.

Une lecture sensible : le livre d’artiste / les artistes du livre.

Anne Bertier, artiste plasticienne dont l'œuvre est édité chez MeMo, expose sa façon d’entrer dans l’art avec le livre.

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