L’Histoire est un des thèmes favoris de l’œuvre de Pommaux, avec un mélange habile d’anecdotes intimes et d’événements historiques.
Avant la télé est une chronique des années 50 vue par un jeune garçon. Témoignage d’une France qui n’existe plus, avec ses concours d’élégance, ses demoiselles du téléphone, les bonbons d’alors, ce livre peint avec humour et finesse la période d’après-guerre, avec laquelle les enfants d’aujourd’hui n’ont aucun point commun. La force de cet ouvrage est de créer un lien trans-générationnel entre le jeune lecteur et l’adulte qui lit avec lui. On sait l’importance pour les enfants du récit de vie dans sa construction : ce livre y est vraiment un très bon prétexte. On peut aussi jouer au jeu des comparaisons entre les époques. La connivence avec le jeune héros est immédiate. L’émotion qui se dégage de ce livre laisse supposer la part de lui-même qu’a laissé l’auteur dans ce livre, alors du même âge que son héros pendant cette période. Ce travail de souvenir est prolongé dans son Je me souviens. Un grand-père y raconte à deux jeunes enfants ses souvenirs. La force de cet ouvrage est qu’il n’oppose pas les générations entre elles mais soulève l'importance de la transmission.
Véro en Mai est un travail touchant et plein de tendresse pour l’époque de mai 68. Le procédé narratif est le même que dans Avant la télé : pour Yvan Pommaux, ce genre de documentaire fonctionne et émeut quand c’est la même main qui dessine tout. Une empathie naît à ce moment là et qui est différente des livres où l’on a des photos, des dessins disparates sur l’époque. Véro a les traits de Pascale Bouchié, l’auteure du texte et ce sont aussi ses grands parents qui sont dessinés. Bien sûr des éléments autobiographiques sont semés, comme des indices à rechercher : ainsi on retrouve (p.15) la lampe « lapin champignon hallucinogène » qu’il y a dans l’album J’veux pas y aller, dont le héros s’inspire du petit fils de Pommaux.
Angelot du Lac dépeint bien sûr le Moyen Âge, mais sa genèse présente des croisements plus inattendus. En effet, cette œuvre très aboutie (la préférée de Pommaux) est née d’une obsession visuelle de l’auteur, l’image d’un bébé seul posé sur la Lande, et du visionnage d’un reportage télé relatant le sort des enfants des rues dans un pays d’Amérique latine pendant les années 70.
C’est une bande dessinée classique, dans le style de la ligne claire. La mise en couleur est raffinée, les dessins purs. L’image qui ouvre l’album, Angelot bébé assis seul près d’un lac, est extrêmement forte, et crée immédiatement un sentiment d’empathie qui ne quitte jamais le lecteur, tout en donnant à son héros une dimension exceptionnelle. Elle renforce l’atmosphère particulière de ce livre. Angelot du Lac est un orphelin, un enfant abandonné à une mort certaine : d’autres enfants le sauvent en le prenant en charge. Il trouve alors une famille de substitution, une fratrie. Des figures paternelles s’alternent : Ythier, Eustache de Forez, Maître Songe Creux. Une seule figure maternelle : Coline.
Enfin Yvan Pommaux s’est attaqué à l’adaptation de récits mythologiques dans de grands albums : Thésée, Ulysse, Œdipe et Orphée. Sortant alors de l’Histoire, le mythe prend le dessus. Si ces ouvrages sont assez à part du reste de l’œuvre de Pommaux, le travail historique et graphique est impressionnant. Les illustrations sont en grand format, la narration classique, et il n’y a quasiment pas d’insertion de bulles de type BD, sauf quand le récit se tourne vers le présent.