Au quotidien, on le sait, les lecteurs se font rares. Je croise régulièrement des gens qui parcourent des journaux gratuits, des tablettes, parfois même des livres, dans les trains ou ailleurs, mais ceux-là me donnent l’impression de lire faute de mieux, de lire pour passer le temps. Il n’émane pas d’eux cette douce concentration, proche de la rêverie qui enveloppe un lecteur. Je ne critique pas. C’est ainsi. A l’heure où la distraction est reine, je ne boude pas le fait que la lecture fasse encore office de divertissement !
Il y a quelques jours, je rentrais en RER et j’étais au milieu de ces gens qui lisent sur écrans, noués au fil de leur téléphone portable. Certains mâchouillaient, d’autres écoutaient de la musique, d’autres semblaient tout simplement épuisés. Le RER n’est pas l’endroit le plus enthousiasmant du monde. Il est sale. Les toilettes sont infréquentables, les vitres opaques, les temps d’attente et de stress, incalculables. Il y règne une odeur caractéristique de confinement, odeur délicieuse comparée à celle aux relents « champignons mêlés d’urine » qui imprègne les gares souterraines. Le RER est malgré tout cela un luxueux moyen de transport comme en témoigne son prix : un aller-retour m’est facturé plus de 10 euros. Je me demande pourquoi les Français et surtout les collectivités françaises prennent si peu soin de ce service public à l’heure des embouteillages, de la pollution, des énergies qui s’épuisent. Par conviction, je paie et prends le RER quoiqu’il m’en coûte tant j’espère un jour qu’il aura belle allure et sentira le propre, ressemblant enfin à un petit train suisse. On peut toujours rêver !