Pendant longtemps, on n’a pas distingué le temps de l’enfance des autres temps de la vie. L’enfant, quand il survivait à des conditions sanitaires et médicales déplorables, devait s’adapter immédiatement à la vie d’adulte et travailler. Toute autre occupation était considérée comme une perte de temps, une oisiveté honteuse.
Au cours du XXe siècle, les progrès sociologiques, politiques et la naissance des sciences cognitives (philosophie, psychologie du développement, etc.) vont permettre l’émergence d’une littérature enfantine, de pair avec la reconnaissance de l’enfant en tant qu’être pensant et sensible.
L’enfance est désormais une phase importante de la vie humaine, assez riche et profonde pour avoir droit à son genre littéraire. L’enfant lui-même est devenu à part entière un personnage de fiction.
Mais il faut se souvenir que les livres pour enfants furent d’abord scolaires et, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat datant de 1905, on comprend mieux pourquoi elle devra longtemps subir le poids de fonctions morales et pédagogiques.
Plus prosaïquement, le développement des technologies de l’imprimerie va faciliter la reproduction d’images, la mise en couleur et la diffusion des livres à travers le monde.
Par la suite, l’essor de l’ouvrage de distraction pour la jeunesse va être le fruit de plusieurs facteurs concomitants :
- apparition de maisons d’édition destinées à la jeunesse
- création de sections jeunesse dans les bibliothèques
- renouvellement de l’invention graphique et typographique.