Affinités sélectives

A l'écoute de la Philosophie : textes lus

A l'écoute de la Philosophie : textes lus
Affinités éclectiques : Qui ? Comment ? Pourquoi l'être ? Trois œuvres à découvrir.
Plus belle la vie ? Non, ce n'est pas la version audio de la série culte que je vous propose d'écouter mais une occasion de la percevoir autrement... la vie.

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Michel de Montaigne, Les Essais

Cette suite de pensées dessine un portrait de l'homme à partir d'exemples personnels ou historiques. Il trahit une curiosité presque anthropologique du comportement de ses contemporains, additionné d’une volonté d’édification à leur égard. Découvrez cette œuvre consistante dans la collection de Livres Lus des éditions Frémeaux. Le narrateur Michel Piccoli, avec son talent de comédien, en fait un apéritif savoureux ! Utile tremplin pour un lecteur que la langue austère du XVIème siècle, bien qu'adaptée en français moderne, peut décourager. Je vous propose un éventail de pensées picorées çà et là dans le Livre I.

  • "La programmation neurolinguistique" (chapitre 14). Où il nous démontre que nous faisons précéder notre opinion à l'observation objective, tant que faire se peut, du réel. Ainsi notre regard est influencé par le prisme négatif ou positif construit par notre esprit.
  • "L'éloge de la fuite" (chapitre 20). Précédant Henri Laborit, il nous enseigne que l'homme ne recherche ici-bas que le plaisir. Il n’en cherche pas la cause comme ce dernier qui la trouve dans le système nerveux, mais traite le sujet philosophiquement, même logiquement, voire spirituellement. Il nous propose de ne pas penser à la mort - donc à la durée de notre existence - mais plus à son contenu.
  • "Petite leçon d'humilité économique" (chapitre 22). Le malheur des uns… Très darwinienne finalement que cette pensée qui, si on veut la regarder en entomologiste, nous remettrait à notre place de scarabée bousier. Plus sérieusement, il nous fait déduire que nous sommes malgré nous « condamnés » à la solidarité économique-écologique. Je placerais ici mon petit clin d’œil à Alexandre Jollien et à son « frère en humanité ».
  • "Les anciens et les modernes" (chapitre 24). À partir d'un exemple simple, issu de notre quotidien, il nous démontre comment la coutume construit notre société jusque dans nos lois, pour aboutir à une cohésion sociale à l'échelle d'une nation. Mais en même temps, la coutume retient notre élan vers la nouveauté.

J’arrête là mes extractions pour tenter une petite conclusion. Si parfois les principes de sagesse de Montaigne peuvent paraître convenus, ils sont enrichis d’une multitude d’exemples savoureux. De plus, c'est comme s'il nous déroulait le mécanisme de sa pensée. En quelque sorte, c'est une "méthode". L'apprenti philosophe y trouvera son miel tandis que le chevronné survolera cet aspect distrayant pour combler son appétit de controverse, avec la porte que l'auteur laisse pour une pensée à déduire. Il faudra donc tourner la bobinette car ce n’est pas un répertoire de maximes édifiantes, un bagage de plus. Nous verrons ce qu'en pensent Alexandre Jollien et Bernard Campan dans le document suivant.

Alexandre Jollien Bernard Campan : La philosophie de la joie

Trio à deux voix. Une sur un CD, celle d'Alexandre Jollien au cours d'un exposé en public ; l'autre par écrit, celle de Bernard Campan, proposant en complément le récit de son propre parcours en résonance avec de celui de son ami. Connaissant les talents d'humoriste de cet "inconnu" célèbre, il nous surprend, là, sérieusement joyeux. Un enthousiasme vite communicatif. De Socrate à Jung et de Maître Eckhart à Arnaud Desjardin, ils nous proposent, en art de vivre périlleux : le fil tendu de la discipline.
Deux cordes, les leurs : la philosophie, enracinée dans la Grèce antique, pour Alexandre Jollien, la spiritualité hindoue pour Bernard Campan. Une troisième, la nôtre : parallèle immatérielle, pour le sens de notre vie. À nous l'acrobatie. 


Bernard Campan nous dit qu'il n'y a pas tant de choses à acquérir qu'à perdre, Alexandre Jollien parle de voyager léger. Ils nous posent en équilibre entre un encombrement et un manque : se libérer nous invite à faire l’inventaire de l’inutile et du nécessaire mais comment acquérir l’œil du maître qui discerne justement ?
Bernard cite Alexandre auquel il expose son découragement : " c'est…comme si j'étais en bas d'une falaise en espadrilles avec un bout de ficelle et que tu me demandes de monter au sommet ", obtenant cette réponse : " Je vais te proposer une autre image…de Kafka, tu es au bord du gouffre et tu dois rejoindre l'autre côté et pour ce faire tu dois mettre un pied dans le vide ". Cette discipline, Alexandre Jollien se l’impose à lui-même. Ainsi, bien qu'ayant par la philosophie classique acquis cette sagesse dont il pourrait se prévaloir pour obtenir une position d'idole, il ose “ on peut vivre sans connaître Platon ". Pourtant, fidèle à Socrate, c'est à la recherche de soi qu'il nous invite mais pas pour se distinguer: “ C'est dans ma singularité que je me rapproche de l'autre ! " Il s'agirait d'accoucher de notre conscience et non de chercher la lumière dans la connaissance gratifiante, un fameux bagage mais qui peut se révéler un boulet. Pour se trouver faut-il se perdre ? Si l'enjeu est de venir au jour, souvenons-nous que la première fois ce fut nu.

Bernard Campan médite la démarche d’Alexandre Jollien en lui apportant l’éclairage de leur amitié née de leur questionnement intérieur dans l’apprentissage de ce « métier d’homme » qui les fait « frères en humanité ».

On peut écouter ce CD à l'envi tant il est riche d'idées sous-jacentes. Le discours est simple mais il est à prendre au sérieux. Sa richesse est invisible car la matière est en nous. Puisqu’il nous tend la main vers une autre rive, celle de notre liberté intérieure, osons le courage de cette autre naissance.

Marc Lachièze-Rey Astrophysicien : Le temps existe-t-il ? Comprendre la relativité

POURQUOI ?
Ça sonne presque comme le titre d'un polar ? j’ai dit « presque ». Un astrophysicien se déguise en "privé" pour mener l'enquête. En cinq chapitres il dresse le profil du coupable : Le temps. il passe en revue les témoins, les savants dont le nom seul nous parle ou réveille nos souvenirs de lycéens. Ceux qui l'ont traqué avant nous pour nous égarer un peu plus. Hé oui l'affaire n'est pas si simple. Au 17è siècle, Newton le capture une première fois et le range dans la boîte de la physique moderne avec son complice : l'espace, pour piéger le mouvement, c'est la cinématique. Il nous en fait cadeau.
Tout irait bien si la lumière ne venait pas faire son intéressante en provoquant les paradoxes ! Fausse piste, le coupable serait la victime ? On s’en fiche ! Ce qu’on cherche au final c’est le mobile. Le « pourquoi » c’est la raison de ce texte parmi les deux premiers qui après tout prennent la vie comme une constante. J’ai voulu retourner le miroir. Le mystère s’épaissit, la procédure se complique car pas de corps du délit ! Mais je ne prétendrai pas vous apporter un éclairage. Je vous laisse…prendre le temps…de déguster la suite.