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À la rencontre de Lucie Félix

© Caroline Simon
Des albums pour la jeunesse qui détonent !

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Retour sur une rencontre haute en couleurs, co-organisée par le réseau de lecture publique de Paris-Vallée de la Marne (14 médiathèques entre Chelles et Roissy-en-Brie) et la Médiathèque départementale de Seine-et-Marne.

Une rencontre fédératrice

Nous étions réunis dans le grand auditorium de la médiathèque Jean-Pierre Vernant de Chelles pour rencontrer non pas une mais trois personnes d’exception : Lucie Félix, accompagnée de son éditrice aux Grandes personnes Brigitte Morel et de la spécialiste de son travail, la conservatrice des bibliothèques Hélène Valotteau.

Poème en jaune, paru en 2022, sera offert à tous les bébés nés ou adoptés en 2024 sur la Communauté d’Agglomération de Paris-Vallée de la Marne, dans le cadre de l’opération nationale Premières pages.

Le réseau de lecture publique réunissait ce jeudi 13 juin tous les acteurs du livre et de la petite enfance de ce territoire, afin de découvrir l’œuvre de Lucie Félix pour, in fine, mieux la transmettre aux publics.

La rencontre en matinée était ouverte aux acteurs du livre et de la petite enfance de toute la Seine-et-Marne.

Nous partageons ici avec vous quelques morceaux choisis de cet évènement.

La rencontre

Dans une discussion à bâtons rompus, animée par Hélène Valotteau, Brigitte Morel nous dit son attrait immédiat pour Lucie, dès le premier projet envoyé par courrier, pour les intentions exprimées dans la lettre qui l’accompagnait.
C’était pour 2 yeux, premier album de Lucie Félix, paru en 2012.
Lucie était en école d’art à cette époque. Être auteur pour les enfants ne faisait à priori pas partie de ses options. Parfois, elle se demandait même ce qu’elle faisait là, où était la connexion avec le « vrai ».

Lucie découvre pourtant les livres d’artiste grâce à cette école d’art et là, c’est le déclic : Munari, Komagata, les 3 Ourses… Il y a du concret, de la matière, de l’originalité, le côté « atelier avec les enfants » de Munari la séduit, ainsi que son album Le brouillard de Milan, réalisé en partie en papier calque.

Pourquoi avoir choisi Les Grandes Personnes ?

Car peu d’éditeurs font des livres-objets et à ses débuts. Lucie Félix tombe en librairie sur les livres d’Annette Tamarkin et les remarque.

Les éditions des Grandes Personnes existent depuis 2009.

Avant cela, Brigitte Morel a fait ses armes au Seuil jeunesse puis aux éditions du Panama. Elle trouvait que les commandes d’auteurs ne la surprenaient pas, pouvaient être redondantes. Elle nous avoue aimer les pas de côté. Elle affectionne les livres-objets car ils demandent de l’interaction avec l’adulte et un temps d’observation.

Rapport texte/image

Pour Lucie, c’est l’objet qui prédomine et au-delà, dans quelle posture va être l’enfant pour découvrir son livre.

Sur Coucou, le propos était de faire des fenêtres entre deux personnes pour pouvoir se rencontrer, le thème en était la collaboration.

Lucie prête beaucoup d’attention à la tourne de page (le fait de tourner la page). Elle remarque que ce geste revêt beaucoup d’importance pour l’enfant en cela qu’il symbolise l’acte de lecture.

Elle se rend compte que les enfants peinent à comprendre la temporalité dans l’album : un lapin page de gauche puis un lapin page de droite, dans l’esprit d’un enfant, ce ne peut pas être le même, c’est un autre et puis encore un autre. A ce propos, elle nous conseille la découverte de Saisons de Blexbolex qui aborde justement le thème de la temporalité.

L’équipe des Grandes personnes se compose de 3 personnes, aucune n’est ingénieur du papier, tout se passe en aller/retour avec l’imprimeur pour trouver comment servir au mieux les projets des artistes.

L’esprit critique

Avant l’école d’art, Lucie a fait des études de biologie. Elle se nourrit également de littérature sur la pédagogie contemporaine, les neurosciences,…

Dans ces lectures, elle apprend que le cerveau humain a tendance à se lancer à plein régime vers une seule direction. C’est la thèse du « cherry picking » : concrètement, il s'agit de ne choisir que les informations qui vont dans le sens de notre opinion initiale afin de la confirmer. C’est évidemment un réflexe qui n’encourage pas la remise en cause et l’ouverture aux autres.

Dans ses albums, Lucie veut développer une résistance à ce réflexe de notre cerveau, elle cherche à développer la flexibilité de l’esprit, elle aime poser des problèmes que les enfants devront résoudre. Elle aime l’émulation de groupe et précise que la présence d’un adulte rassure (sorte de rôle d’arbitre bienveillant). Elle aime les objets qui servent à plein de choses différentes, dont on apprend les richesses multiples par la manipulation, l’observation et la recherche de solution.

En ce sens, Lucie se sent proche de Claire Dé (autre artiste éditée par les Grandes personnes), notamment sur sa conception de l’enfance.

Gageons que cette fabuleuse équipe nous surprendra encore dans ses albums à venir !

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