Zoom sur Cultures contemporaines
Intimités en danger ?
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A l'université Paris-Descartes a lieu chaque année depuis 2001 ce colloque ouvert au public.
Les interventions du colloque 2018 étaient très diverses ; quelques-unes m’ont touchée profondément ! Alors quelques mots pour vous donner envie d’aller à la rencontre de ces personnes et de leur humanité et une publication pour aller plus loin si vous le souhaitez.
Frédéric Chiche, gynécologue obstétricien, évoque la nécessité du consentement éclairé de la patiente lors d’un examen gynécologique, ce qui implique qu’elle ait la liberté de choisir suite à une explication du médecin et qu’elle garde la liberté de dire non. Cela nécessite la prise en compte par le médecin de la vulnérabilité de la patiente en consultation et la pratique de la juste distance et de la bienveillance.
Amina Yamgnane, gynécologue obstétricienne, souligne une évolution marquée dans l’accompagnement des grossesses avec une revendication affirmée des patientes pour le partage des connaissances : entre médecins, sages-femmes, patientes et futurs pères mais aussi au sein d’une communauté de femmes bien plus large via les réseaux sociaux notamment.
Serge Hefez, psychiatre psychanalyste, affirme que ses consultations sont saturées de demandes des adolescents concernant le genre. Les adolescents interpellent les rôles sexués : « je choisi mon genre, ma sexualité, pour devenir ce que je suis (…) ou ce que je me sens être à l’intérieur ». Cela passe par des expérimentations vestimentaires, des expériences hétérosexuelles, jusqu’au transgenre et à l’appel à la science pour devenir garçon ou fille.
Rachel Trèves, psychologue, raconte comment de plus en plus de jeunes femmes nées dans les années 80 vivent leur liberté féminine, font carrière et s’affranchissent de l’horloge biologique en demandant la congélation de leurs ovocytes (permise depuis 2015) pour faire un enfant plus tard. Mais la science ne peut pas tout et quand les grossesses n’arrivent pas sur commande, les conséquences psychologiques sont parfois dévastatrices.
Stanislas Lyonnet, généticien, alerte sur le séquençage de l’ADN très encadré en France mais devenu facile à faire aujourd’hui pour un coût moindre, via les réseaux internet. L’ADN exhume l’histoire familiale, traque les liens, les origines et les porteurs de maladies. L’intimité prend alors le risque d’être brisée avec la découverte d’arbres généalogiques et de secrets de familles, la révélation des prédispositions génétiques et l’enfermement possible des descendants dans un avenir prédit.
Gabriel Steg, cardiologue, parle du cœur comme d’un organe symbole de l’intérieur secret et profond, siège de l’âme, pour reprendre les termes d’Aristote et surtout très lié aux émotions. Un infarctus du myocarde ou le syndrome des cœurs brisés sont très souvent corrélés avec une émotion forte survenue quelques jours auparavant.
Anne Akrich, écrivaine, auteure du traité de savoir-rire à l’usage des embryons, évoque la responsabilité de l’autobiographe face à l’intimité de son entourage. « Quand on parle de soi on parle des autres » or l’écrivain a une dette envers les autres qui empêche de tomber dans le règlement de compte.
Nathalie Azoulai, romancière, nous dit que le roman doit être à la fois intime et rusé. L’intimité n’est pas tenue de se confondre avec la confession.
Quant à Rachel Khan, écrivaine et comédienne, elle pose l’intime comme fondement de la fraternité et valeur citoyenne. L’intimité c’est "ne pas être étranger à soi-même" et donc pouvoir aller à la rencontre de l’autre.
Et puis d’autres encore à entendre ici et à lire !
Quant à Fabrice Midal, philosophe et méditant, il est venu nous proposer une expérience de méditation et de présence avec la violonniste Anna Göckel… extraordinaire ! J’ai redécouvert La Sarabande de Bach et vécu un grand moment d’écoute et de partage. Ils nous l’expliquent dans cette vidéo même si rien ne vaut l’expérience.