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Affinités sélectives
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La rentrée littéraire offre toujours une abondance de publications, 567 romans français et étrangers précisément cette année. Beaucoup de titres proviennent de l’espace francophone et montrent sa richesse, sa diversité et sa vitalité. Suivons Sophie Quetteville, animatrice littéraire qui sera notre guide en territoires francophones pour nous livrer son analyse et ses sélections de titres entre coups de cœur, découvertes et valeurs sûres.
La littérature francophone comprend l’ensemble des textes littéraires écrits en français, dont les littératures francophones forment divers sous-ensembles qui se sont développés hors de l’Hexagone et que l’on peut classer par aires géographiques.
Les prénoms épicènes, publié chez Albin Michel
Pour sa 27ième rentrée littéraire, Amélie Nothomb, dont le succès ne se dément pas année après année malgré une production inégale, nous livre ici un nouveau roman avec un titre reprenant celui de son héroïne, Epicène. Ce livre décrit la relation d’un père prénommé Claude et de sa fille à travers l’histoire d’une famille qu’ils forment avec Dominique leur épouse et mère. La romancière aime explorer les relations parentales complexes et les couples.
Khalil, publié chez Julliard.
D'origine marocaine, Khalil a grandi à Bruxelles sans réussir à s'intégrer. La fréquentation d'une mosquée intégriste lui permet de trouver un sens à son existence. Le 13 novembre 2015, dans une rame bondée du RER à Saint-Denis, il appuie sur le détonateur de sa ceinture d'explosifs mais rien ne se passe. Obligé de se cacher, le jeune homme commence à s'interroger sur ses choix et ses actes. Un livre bien écrit et passionnant.
Pays sans chapeau, publié aux éditions Zulma.
Dany Laferrière, nous livre ici l’histoire de son retour au pays natal, Haïti après deux décennies passées entre Montréal et Miami. Une invitation au voyage, un livre très touchant entre beauté et gravité.
Le train d’Erlingen ou la métamorphose de Dieu, publié chez Gallimard.
Voici un texte très politique, une fable futuriste comme son précédent roman « 2084 », de cet écrivain algérien de langue française qui dénonce les manipulations religieuses ou économiques à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines.
Lèvres de pierre, publié chez Actes Sud
Nancy Huston, canadienne anglophone d’origine vit à Paris depuis de nombreuses années. Elle écrit en français ou en anglais. Ce livre curieux et troublant relate le parcours en dressant les points de convergence entre deux êtres qu’à priori tout oppose : une femme de lettre canadienne et un certain Saloth Sär qui deviendra Pol Pot, le sanguinaire dictateur cambodgien de la période Khmers rouges.
Les cigognes sont immortelles, publié aux éditions du Seuil
Alain Mabanckou évoque le Congo Brazzaville de son enfance. Une grande fresque du colonialisme et de la décolonisation mélangeant l’intime d’une histoire familiale à une réflexion politique aboutie. Du grand Mabanckou !
Ne m’appelle pas Capitaine, publié chez Actes Sud
Un écrivain de la francophonie qui parle de son pays d’origine, Haïti. Il met en scène une jeune femme de la grande banlieue d’Haïti. Cet ancien appelé Capitaine lui parle d’un autre monde. Texte toujours hyper intéressant !
Carnaval noir, publié chez Grasset
Metin Arditi est un écrivain d’origine turque qui vit en Suisse et écrit en français. L’auteur s’interroge sur les répétitions dans l’Histoire et notamment sur ce « Carnaval noir » qui aurait déjà eu lieu au XVIème puis lors de la Commune de Paris…Une vraie enquête policière menée par un érudit, spécialiste des langues latines sur fond de fanatisme religieux.
Les billes de Pachinko, publié chez Zoé.
Au moyen d’une écriture délicate et riche, l’auteure de père français et de mère sud-coréenne questionne dans ce roman son identité multiple. L’histoire : Claire passe l’été chez ses grands-parents à Tokyo et souhaite les emmener revoir leur Corée natale où ils ne sont pas retournés depuis la guerre, il y a cinquante ans. Un roman sensible et grave.
Pense aux pierres sous tes pas, publié chez Verdier
Antoine Wauters est belge et ce livre aborde la thématique de l’enfance et de l’adolescence. L’auteur met en scène deux enfants, des jumeaux Léonora et Marcio laissés à l’état de nature et qui s’aiment un peu trop. On suit tout le cheminement de leur séparation et leur éventuelle retrouvaille. C’est un livre éminemment politique, une ode à la liberté, un conte philosophique. Comment se forge-t-on sa propre liberté, son chemin personnel dans le grand collectif ? Cette dystopie n’est pas très grand public mais c’est l’un des écrivains francophones les plus intéressants du moment car il réinvente la langue.
La vraie vie, publié chez l’Iconoclaste
La vraie vie est un premier roman écrit par une jeune auteure belge. C’est un récit initiatique porté par une adolescente qu’on suit depuis l’âge de ses dix ans et durant 6 étés. Un texte plébiscité par le public et récompensé par plusieurs prix littéraires dont le Renaudot des lycéens, le prix du roman Fnac et le prix Première plume.
Camarade Papa, publié au Nouvel Attila
Deux années après Debout-payé son précèdent et premier roman, Gauz dans Camarade Papa veut écrire une histoire de la colonisation de son pays d’origine, la Côte d’Ivoire. Grâce aux deux personnages principaux, un adulte, homme blanc et un adolescent, né de parents d’origine ivoirienne vivant à Amsterdam, l’auteur porte un double regard sur la colonisation. Sous prétexte de parler de colonisation, Gauz arrive ici à évoquer quelque chose de beaucoup plus universel.
La vérité sort de la bouche du cheval et publié chez Gallimard et La Belle de Casa d’In Koli Jean Bofane, publié chez Actes Sud.
Ces deux romans avec pour toile de fond la ville de Casablanca abordent le thème de la prostitution. Avec un art consommé de la narration, du dialogue et du portrait ces romans dépeignent avec talent et humour ces métropoles du 21ième siècle gouvernées par l’argent, le sexe et le pouvoir. C’est aussi l’histoire des migrations contemporaines vues du microcosme de Casablanca mais avec en définitive une portée universelle.
Je suis quelqu’un, publié chez Gallimard
Un premier roman et un véritable coup de cœur pour ce texte servi par une langue flamboyante et publié dans la collection Continents noirs d’une écrivaine italo-sénégalaise. L’histoire d’une famille, ou plutôt d’un secret de famille éclaté entre la France et le Sénégal qui introduit une réflexion sur la double identité et la recherche des origines…
Frère d’âme, publié aux éditions du Seuil
David Diop est né à Paris et réside aujourd’hui au Sénégal. Son livre est l’histoire de deux jeunes soldats sénégalais de la Grande Guerre, soldats envoyés au front en première ligne. Ce roman fort retrace la furie et la folie d’un « soldat sorcier ». Lauréat du prix Goncourt des lycéens.
Là où les chiens aboient par la queue, publié chez Liana Levi
Ce premier roman d’une jeune écrivaine née en France en 1974 évoque d’une manière très autobiographique la terre d’origine de sa famille. Trois regards, trois voix différentes pour raconter l’histoire d’une famille et de la Guadeloupe de cette seconde moitié du XXème siècle. Ce livre est le lauréat du prix Stanislas 2018.
1994, publié chez Rivages
C’est un roman noir écrit par un journaliste et écrivain algérien d’expression française qui remporte avec ce livre le prix Transfuge 2018 du meilleur polar francophone. Nous sommes dans les années 1990 en Algérie où sévit la guerre civile mêlant folie et terreur entre les islamistes qui ont remportés les élections municipales et les militaires qui ont pris le pouvoir. Cette histoire d’une génération sacrifiée est relatée en suivant le destin de quatre lycéens entrés dans la clandestinité pour lutter contre le terrorisme.
Ce roman est à rapprocher de La guerre est une ruse de Fréderic Paulin, publié chez Agullo qui a également pour toile de fond les années 1990 en Algérie vues cette fois par un auteur français qui accrédite à travers son roman l’idée d’une exportation du terrorisme avec notamment l’attentat de la Gare St Michel en juillet 1995, pour forcer la France à soutenir la croisade anti-terroriste des militaires au pouvoir en Algérie.
Les exilés meurent aussi d’amour, publié chez Grasset.
Ce roman coup de cœur est à rapprocher de deux autres grands livres abordant le même thème : Marx et la poupée de Maryam Madjidi et aussi Désorientale de Négar Djavadi. Il s’agit de trois femmes nées en Iran et aujourd’hui installées en France ayant dû quitter leurs pays suite à la révolution menée par l’ayatollah Khomeini. Elles évoquent leurs souvenirs d’enfance, le déracinement, le poids des origines, le rapport à la langue natale et l’affection pour la France leur terre d’accueil.
Asphalte éditions, les éditrices, les auteur(e)s et le catalogue
Estelle Durand et Claire Duvivier créent la maison d’édition Asphalte en 2010. Souhaitant s’affranchir d’un catalogue par genre littéraire, elles cherchent d’abord la musicalité et le rythme des textes. Elles publient de la littérature urbaine venue du monde entier dans la collection Fictions.
Elles dénichent en 2008 Paris noir, recueil de nouvelles écrites par des auteurs parisiens sur chaque quartier de la capitale et publié en anglais par les éditions américaines Akashic Books. Elles éditent ce titre en français et proposent de poursuivre cette veine éditoriale en publiant un opus sur Marseille. Sort ainsi Marseille noir, que les éditions Akashic Books vont traduire puis de même avec Bruxelles noir et Buenos Aires noir. La collection Asphalte noir voit ainsi le jour de cette collaboration transatlantique très enrichissante pour les deux éditrices. En préparation, un volume dédié à la banlieue parisienne avec notamment une nouvelle sur Fontainebleau.
Timothée Demeillers en 2014 est le premier auteur français à rejoindre leur catalogue avec son roman Prague, faubourg est. Suivra ensuite un second roman Jusqu’à la bête en 2017 qui raconte la vie d’Erwan, ouvrier dans un abattoir près d’Angers. D’autres auteurs français intégreront le catalogue Asphalte, tel Emmanuel Villin en 2016 avec son premier roman, Sporting club puis en 2018 Jean-François Paillard, avec un roman policier Le Parisien et enfin Aymen Gharbi qui publie en août 2018 Magma Tunis.
Asphalte, le métier d’éditrice
Pour les éditrices, leur métier demande d’abord une ouverture sur le monde pour dénicher des textes intéressants. Ensuite au-delà de savoir s’entourer de traducteurs de confiance pour la version française, il s’agit de proposer aux auteurs des pistes de développement. Si ceux-ci partagent leurs réflexions et leurs conseils la coopération peut se mettre en place. Enfin le choix éditorial vient exclusivement des coups de cœur communs des deux éditrices.
Asphalte publie 8 à 9 nouveautés par an avec un tirage moyen d’environ 2000 exemplaires et certains titres sont édités en poche chez Pocket, Folio, Le Livre de poche et 10/18.
La rentrée littéraire d’Asphalte est marquée par la sortie de trois titres. Deux romans et un roman policier.
Magma tunis de Aymen Gharbi, auteur tunisien francophone.
Ghaylène, urbaniste intello et tourmenté déambule dans la ville de Tunis en pleine ébullition. Ce premier roman loufoque et déjanté autour d’une jeunesse postrévolutionnaire désenchantée évoque avec brio notre époque, entre nonchalance et rébellion.
Taxi de Carlos Zanon
Un road movie urbain de sept jours et six nuits en compagnie de Sandino, chauffeur de taxi insomniaque à Barcelone. Ce quatrième roman publié en français par cet auteur et parolier barcelonais nous emmène dans une fuite en avant désespérée à travers la ville.
La légende de Santiago de Boris Quercia.
Le dernier opus des aventures rocambolesques de l’inspecteur Santiago Quinones à Santiago du Chili. On suit avec intérêt ce policier atypique et borderline toujours en proie au doute ou à la mélancolie.
A noter que l’auteur ayant rencontré le succès auprès des lecteurs francophones, ce livre est publié dans sa version française avant même sa parution dans sa langue d’origine prévue en 2019.
Ni de jour ni de nuit
Notre bonus coup de cœur chez Asphalte va à un roman policier mexicain publié en mars 2018 :
De Orfa Alarcon et traduit de l’espagnol (Mexique)
Un premier roman ayant pour thème la « littérature de narcotrafiquants », très populaire en Amérique latine. Ce roman adopte le point de vue de la petite amie d’un trafiquant qui découvre un univers fait de trafics et de violence. Un roman sombre et sauvage traversé par une grande énergie.
Bonus musical : Le + d’Asphalte
La playlist : sur le revers de la jaquette, découvrez pour chaque titre la playlist des auteurs évoquant musicalement l’univers de leur roman, avec un lien pour l’écoute à retrouver sur le site web de l’éditeur.
La playlist de Magma Tunis d’Aymen Gharbi
Michael Jackson & Rockwell : Somebody’s watching me
Chedly Hajji : Mihi maâ lariah
Alexandre Scriabine : Vers la flamme
Mauro Sabbione & Matia Bazar : Elettrochoc
Girl Hunt Ballet : BO de Tous en scène de Vincente Minelli
Depeche mode : I feel you
Slipknot : Duality
Beethoven : Quasi una fantasia, mouv. 3
Hanatarash : CocK Victory
La Peuplade, les éditrices, les auteur(e)s et le catalogue
Basée à Saguenay au Québec, La Peuplade est une maison d’édition qui publie depuis 2006 de la littérature canadienne essentiellement francophone. Puisqu’elle se veut maintenant sans frontières, elle s’ouvre en 2015 à la littérature des pays nordiques. La Peuplade propose une centaine de titres à son catalogue couvrant le genre du roman, du récit et de la poésie. Selon l’expression même de sa ligne éditoriale « La Peuplade tient le cap sur une littérature actuelle convaincue, signée, nécessaire.»
Parmi les auteurs les plus connus on notera notamment Laurance Ouellet Tremblay, Mathieu Villeneuve, Marie-Hélène Voyer et Christian Guay-Poliquin. Ce dernier avec son roman «Le poids de la neige » paru en septembre 2016 a reçu de nombreuses récompenses dont le prix littéraire des collégiens du Canada.
La rentrée littéraire de La Peuplade est marquée par la sortie de trois titres qui sont les tous premiers à être diffusés en France. Ils sont tous écrits par des femmes.
Prendre corps de Catherine Voyer-Léger
Ce livre est un recueil de micro-récits entremêlant poésie, prose et récits avec pour seul sujet le corps. « Entre intimité et mémoire, cette écriture fragmentaire fait la confidence d’une expérience corporelle féminine et contemporaine » pour répondre très singulièrement à la question « En quoi consiste un corps ? » .
Henri de ses décors de Laurance Ouellet Tremblay
En utilisant une écriture très poétique l’auteure nous mène à la rencontre d’Henri, concepteur de décors de théâtre. Henri, plus qu’un personnage est d’abord une voix, de celles qu’on entend peu et l’auteure nous la rend proche dans sa singularité et sa complexité pour se rapprocher de ceux qui sont indispensables à la magie du spectacle.
Les Querelleurs de France Théoret
L’auteure met en scène un éditeur et son auteur dans une joute toute masculine où les femmes sont totalement absentes. Ce livre commence comme un procès littéraire puis se transforme en une réflexion sur la place des femmes dans la littérature.
Nirliit
Notre bonus coup de cœur chez La Peuplade va à Juliana Léveillé-Trudel pour son premier roman Nirliit paru en octobre 2015.
Il est consacré au peuple Inuit. L’auteure décrit avec justesse et humanité ces villages Inuits dont les habitants sont devenus des assistés. Un texte poignant, dur et beau comme le Grand Nord…
Décerné à Jean-Marc Turine pour La Théo des fleuves, publié aux éditions Esperluette.
Décerné à Aïcha Kassoul pour son roman La Colombe de Kant, publié aux éditions Casbah.
Décerné à Adlène Meddi pour 1994, publié chez Rivages.
Décerné à Estelle-Sarah Bulle pour Là où les chiens aboient par la queue, publié chez Liana Levi.
Décerné à David Diop pour Frère d’âme, publié aux éditions du Seuil .
Décerné à Adeline Dieudonné pour La vraie vie, publié chez l’Iconoclaste.