Il paraît aujourd’hui essentiel de prendre en compte la langue première de l’enfant et ce particulièrement dans les établissements d’accueil du jeune enfant, car comme le déclare la sociolinguiste Christine Hélot, c’est une question de justice sociale. Aussi est-il intéressant de créer des espaces et des temps dédiés à l’expression de la diversité culturelle et linguistique (cf. ateliers menés par l’association Dulala (3) ).
Les psycholinguistes nous apprennent que le bilinguisme non seulement n’est pas un obstacle au développement de l’enfant, mais qu’il est un facteur protecteur de l’estime de soi et des apprentissages. Nous avons intérêt à développer, par exemple, la lecture de contes en arabe, swahili ou chinois au sein des écoles. D’autant plus qu’un enjeu affectif se greffe sur l’enjeu de connaissance : pour les enfants de migrants, valoriser la langue de leurs parents, la langue de transmission, revient d’une certaine manière à reconnaître la richesse de leur famille et la légitimité de leur histoire. Marie-Rose Moro, pédopsychiatre qui pratique une psychiatrie transculturelle.
L’Éducation nationale a bien mesuré cet enjeu puisqu’elle préconise aujourd’hui d’accompagner l’élève à la construction d’une compétence interculturelle en lien notamment avec l’éducation à la citoyenneté.
Les langues vivantes étrangères et régionales participent à la construction de la confiance en soi lorsque la prise de parole est accompagnée, étayée et respectée. Cet enseignement permet l’acceptation de l’autre et alimente l’acquisition progressive de l’autonomie. Ce principe est énoncé dans les Nouveaux Programmes pour l’École Élémentaire, appliqués depuis la rentrée de septembre 2016. La place de la langue des élèves est maintenant reconnue et acceptée comme étant un plus culturel et linguistique.
La bibliothèque publique a intrinsèquement une vocation humaniste, elle est un lieu de cultures plurielles, d’accès à la connaissance, de partage, de transmission et d’éducation. À l’heure des bouleversements du monde que nous vivons, il est essentiel d’y faire résonner les langues et surtout les œuvres à voix haute car la littérature est avant tout un chant.
(3) - Dulala