Flash info
Trêve de Noël
Les accueils du mardi ainsi que les navettes sont suspendus pendant les vacances de Noël.
Très bonnes fêtes de fin d'année à tous !
Acteurs culturels
Yves Grevet est né en 1961 à Paris.
Il a passé toute son enfance à Vitry-sur-Seine dans la banlieue parisienne. Marié et père de trois enfants, il enseigne en classe de CM2 dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée dans la banlieue est de Paris.
Il aime écrire des récits autour des thèmes de la solidarité, des liens familiaux et de l’apprentissage de l’autonomie et de la liberté. En dehors de l’écriture, il aime surtout cuisiner et aller au cinéma.
Crac!... Le bruit est à peine audible, mais il réveille tout le monde. Les respirations sont coupées. On attend dans un silence angoissant. Il est 5 ou 6 heures du matin. On sent poindre le jour à travers l’oculus. Soudain Servius chuchote :
- C’est Quintus!
- Non, c’est pas moi ! répond l’autre, comme si on l’injuriait.
- Taisez-vous tous, gronde Claudius, taisez-vous ou ils vont venir. Allez ! tout le monde dort, espérons que ça ne se verra pas.
Une heure plus tard, le moment est venu de se lever. Chacun se redresse et descend lentement de son lit, puis en fait le tour en pinçant délicatement son pouce et son index sur les fines planches qui l’entourent.
La plupart du temps, ce geste quotidien est presque un plaisir. En l’accomplissant, on comprend que tout va bien. Ce matin, c’est différent, un lit a craqué pendant la nuit. Un de nous est en danger et vit peut-être ses dernières heures dans la Maison.
- C’est Quintus!
La phrase est partie comme une flèche, mais cette fois, on ne sait pas qui l’a prononcée. Quintus est assis par terre, la tête entre les mains. Tous les enfants passent près de lui. Certains lui touchent l’épaule en signe d’affection, les autres osent à peine le regarder. Marius pleure bruyamment.
Tous se dirigent vers la salle des lavabos. Marcus s’approche de moi et me glisse à l’oreille d’une voix hésitante:
- On ne peut pas continuer comme ça!
- Je sais, Marcus, dis-je sans le regarder. Mais qu’est-ce qu’on peut faire?
A peine avons franchi la porte à battants, qu’une sirène nous intime l’ordre de ne plus bouger et de fermer les yeux. On entend un bruit de pas rapides dans le couloir. Ils sont au moins 5. Je pense tout à coup à Remus que je n’ai pas vu se lever. Que va-t-il lui arriver, quand venant chercher Quintus, ils le verront dormir?
L’un deux s’est arrêté au milieu de la salle des lavabos. Au bout de quelques secondes, il entreprend une inspection. Il fixe les visages de très près. On sent la forte odeur de la graisse qu’il met sur ses chaussures ferrées. Cette odeur m’écœure. Je salive. Je sens que je pourrais vomir. Il se tourne vers la porte et s’immobilise. On entend les mêmes pas rapides dans le couloir, auquel s’ajoute celui d’un sac qu’on traîne. Notre cerbère se dirige vers la sortie. J’entrouvre un œil et le vois de profil. C’est un homme de petite taille, plus petit que moi, sa tête parait très grosse et comme déformée, et ses bras sont trop longs.
Méto, tome 1, La Maison, Éditions Syros, 2008.
Interventions dans les écoles et les collèges