Médiation des collections

La lecture publique a une mission culturelle et éducative. Cela implique un certain nombre d’engagements, énoncés dans la charte de l’Unesco, parmi lesquels notamment ceux qui consistent à :

• faire de la bibliothèque un lieu de rencontres et de convivialité soustrait à l’espace marchand, un outil de découverte des œuvres et de leurs créateurs,
• faire connaître les œuvres majeures du patrimoine littéraire, artistique et intellectuel mondial, proposer une approche de la création contemporaine,
• s’efforcer de susciter les curiosités, de proposer des parcours à ses lecteurs en partant de leurs centres d’intérêt,
• aider des œuvres jugées non rentables à poursuivre leur rencontre avec les lecteurs.

Acquérir les qualités du passeur n’est pas donc pas un luxe mais une nécessité pour mettre en valeur des collections et faire en sorte que les lecteurs rencontrent les œuvres essentielles. L’action culturelle a cette visée fondamentale.

L’action culturelle est l’art de favoriser la rencontre, la découverte, d’ouvrir les marges, de porter au débat, d’accompagner l’offre la plus exigeante et la plus précieuse selon un mode d’échange réciproque avec le public.

C’est une démarche de « dénicheur », de défricheur, d’agitateur, de passeur.

Il est important de réfléchir à l’identité de la bibliothèque et de rester au cœur du métier.

L’action culturelle est en soi une œuvre délicate qui exige de tisser avec son public des liens d’une estime durable et une relation privilégiée, de penser sur le long terme et d’avoir des engagements.

L’action culturelle doit s’inscrire dans la politique générale de l’établissement, en articulation étroite avec les missions et objectifs généraux de la bibliothèque et en résonance étroite avec la politique documentaire. Les manifestations doivent correspondre aux objectifs généraux de la bibliothèque et les mettre en œuvre à leur façon.

L’action culturelle doit s’appuyer sur la politique documentaire et prendre en compte le statut d’œuvre au sein des collections, valoriser la qualité, un bien collectif à faire partager. Pour cela, il est précieux de chercher trois ou quatre chemins et de creuser son sillon. Il faut de la régularité et de la constance.

L’enjeu premier est de rendre intelligible les enjeux contemporains, par conséquent d’avoir le courage de quitter un espace médiatique malade de la fugacité de ses analyses et de la brièveté de sa mémoire.

Il est utile de savoir conférer à sa bibliothèque une personnalité et un discours reflet de ses choix et privilégier la diversité des supports et des approches tout en conservant une unité de programmation.

La visée de l’action culturelle tend à faire revenir le lecteur vers le fonds documentaire, en lui ayant donné le chemin, le goût, la nuance, la conscience de la complexité, le désir de l’approfondissement, et, pourquoi pas le plaisir de lire. C’est en fait proposer une nouvelle façon de cheminer à travers les contenus, de les lier et des les ordonner, de restituer la réflexion et les savoirs existants, s’instaurer comme un espace de débats, voire de création, où s’élaborent de nouveaux discours. Dans une société menacée par l’éparpillement et l’éclatement des connaissances, c’est peut-être là le plus audacieux des défis.

Vous retrouverez ces points de vue développés dans L'action culturelle en bibliothèque, dir. Bernard Huchet et Emmanuèle Payen. Cercle de la librairie, 2008.