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Zoom sur Cultures contemporaines
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A l'occasion du Salon du livre de Morges, une journée de formation autour de la médiation littéraire nous a fait découvrir que la traduction est une médiation en soi. Quand on veut transmettre, il est important de se faire comprendre même lorsqu’on parle la même langue. La culture est à la fois ce qui nous lie et nous divise.
Le sociologue Olivier Moeschler, a montré qu’en Suisse, 80% de la population déclare lire au moins un livre par an, alors que 50 % seulement jouent aux jeux vidéos. Les 15 à 29 ans sont les plus grands lecteurs. En Suisse, comme ailleurs les lecteurs sont en majorité des lectrices et le nombre de livres lus augmente avec le niveau d’études. La médiation littéraire est là pour faire tomber les murs, pour se rapprocher des gens et tenter de casser le déterminisme social.
Que l’on parle de chaîne du livre n’est peut-être pas un hasard : le lecteur est lui aussi enchaîné par le marché et ses pratiques culturelles. Il faut espérer contrebalancer un peu les choses. Il y a de l’espoir d’après Olivier Moeschler car il y a beaucoup de pratiques secrètes de braconnage chez la plupart des gens : des lectures, des écritures qui échappent aux études, ce que l’on fait avec les textes reste un mystère.
C’est le retour d’expérience de Nilufar Nazeri, bénévole à la bibliothèque A tous livres de Monthey, qui ouvre le dialogue autour de l’interculturalité en bibliothèque. Avec la directrice Julia Cutruzzolà, elle souligne l’importance du rôle des bibliothèques comme premier lieu d’accueil des migrants et des primo-arrivants allophones. La priorité de cet établissement est d’offrir aux publics des ouvrages dans leur propre langue maternelle. 85 langues sont représentées dans leurs fonds.
Cela permet une grande richesse dans l’offre d’activités de valorisation et de médiation ouvertes aux publics : lectures matinales, en soirée, Contes du monde ou Kamishibaï. Le public vient nombreux et les participants aux animations sont enthousiastes. Partages des langues et des cultures et amour pour la lecture sont au cœur de la programmation.
Aux rendez-vous, on ne trouve pas que les migrants qui fréquentent habituellement la bibliothèque mais aussi beaucoup de francophones intéressés par des actions multilingues. Du côté du FLE (Français Langue Etrangère) les ateliers de papotage sont aussi très demandés.
Le débat est ouvert : pourquoi les bibliothèques publiques ont souvent du mal à développer leur fonds en langues étrangères extra-européennes ? Est-il possible de s’affranchir des contraintes des marchés publics et des fournisseurs pour se ressourcer ? Comment avancer dans le traitement des ouvrages sans être locuteurs des langues en question ? Voilà certaines des problématiques soulevées par les participants à la journée.
A Zürich, Richard Reich a constitué une maison de la littérature comme un laboratoire, Junges Literaturlabor (JULL).Des auteurs interviennent pour coacher des élèves. L’auteur se place dans la position du DJ, il aide à la création de la musique et mélange les morceaux pour constituer une sorte de playlist qui devient un texte structuré. Les projets avec une classe se déroulent sur trois mois : un temps d’écriture, un temps pour faire le livre et un temps de lecture finale. Ce sont les élèves qui mettent en voix et en scène leur texte. Personne ne peut quitter le projet avant la fin.
L’auteur est vraiment dans la position d’entraîneur, il encourage les élèves à développer un rapport décomplexé à l’écriture où les styles, les langues et les dialectes différents peuvent se mêler dans cet exercice d’écriture collective.
Les auteurs choisis ne doivent pas être enseignants et doivent être sans arrêt en mesure de réinventer les stratégies en fonction des situations. Les crises existent évidemment et Richard Reich a même créé un blog spécial pour les auteurs qui tient trace de toutes ces tensions, échecs, difficultés.
Fabienne Freymond-Cantone, conseillère municipale et Véronica Tracia, adjointe aux affaires culturelles de la ville de Nyon ont vécu le projet Voyage entre les langues. L’art dans l’espace public est déjà une longue histoire. En France Nantes est un bel exemple. La question de la stratégie pérenne ou éphémère est importante. Les villes comme Nantes, Münster, Le Havre etc…ont réussi à donner à leur territoire une nouvelle identité. La perception des habitants change sur leur quotidien quand des touristes arrivent pour voir les œuvres. C’est un vrai travail sur l’urbanité.
La littérature dans l’espace urbain est un phénomène plus récent. Le texte peut être sur différents supports, dans différents lieux industriels, commerciaux, publics. Les œuvres posent questions. Dans l’espace public, il y a risque pour l’artiste et le politique et en même temps l’impact est démultiplié. Toute installation demande aussi négociations. L’expérience de Nyon sur un mur de ville a réussi à créer une vraie discussion dans un quartier et finalement une vraie fierté. Les habitants sont même tristes de voir que l’œuvre n’est pas pérenne. Faire entrer le littéraire dans le quotidien est ici un défi réussi.
Pas facile de plonger dans la logique d’un salon littéraire car chacun a son identité, son origine, son histoire. Ici beaucoup d’auteurs, des noms très médiatiques et des moins connus. Les auteurs alignés derrière leurs livres attendent le public friand de dédicaces. L’espace sous les tentes n’est pas aménagé selon les maisons d’éditions, cela au début nous dépayse. Les files s’allongent pour Amélie Nothomb ou Marc Lévy, pour d’autres les choses sont moins aisées.
Ce qui fonctionne alors c’est la valorisation par les rencontres, les débats programmés. Dès qu’un auteur a participé à une table ronde la file de ses lecteurs s’allonge à vue d’œil. C’est une très bonne nouvelle pour les bibliothécaires que nous sommes. La moins bonne est qu’ici la plupart des rencontres intéressantes sont payantes. Nous sommes au pays des Fondations et des Mécènes. Cela déconcerte. Les rencontres avec les auteurs moins connus et pourtant pas les moins intéressants ne sont accessibles qu’avec un Pass. Cela questionne. Une fois l’épreuve financière franchie, les découvertes sont au rendez-vous :
Une bibliothèque à faire rêver et huit cabanes pour résidences d’écrivain.
La Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature a été créée en 2004 à Montricher, au pied du Jura suisse, par Vera Michalski-Hoffmann en mémoire de son époux, afin de perpétuer leur engagement commun envers les acteurs de l’écrit.
La mission de la Fondation Jan Michalski est de favoriser la création littéraire et d’encourager la pratique de la lecture à travers diverses actions et activités, parmi lesquelles l’organisation d’expositions et d’événements culturels en lien avec l’écriture et la littérature, la mise à disposition du public d’une grande bibliothèque multilingue, l’attribution d’un prix annuel de littérature mondiale, l’octroi de soutiens financiers et l’accueil d’écrivains en résidence.
Pensée comme une petite cité à l’abri d’une canopée, posée au cœur d’une nature inspirante, la Fondation Jan Michalski a ouvert ses premiers espaces en 2013 et offre un lieu de rencontres unique, tourné vers le monde, où se mêlent écrivains, artistes et public. Vera Michalski est l’un des fondateurs du Salon du Livre des Morges.
Une littérature francophone romande à transmettre au plus vite auprès de nos lecteurs, une découverte de pratiques de médiation stimulantes mais aussi la conviction que la notion de service de la lecture publique est plus que jamais importante à protéger dans notre pays. Nous avons une richesse qu’il convient de défendre tout en restant ouvert aux œuvres des autres.
Prix littéraire des collégiens & lycéens
Une initiative pour les collégiens et lycéens : la fabrique du roman ou comment les suisses savent transmettre la vivacité de la création littéraire romande auprès des adolescents. Ce prix littéraire qui a vu le jour en 2009 a pour objectif de promouvoir la littérature contemporaine et de favoriser le lien entre les auteurs et leur public et plus particulièrement le lectorat jeune invité à lire une sélection d’ouvrages romands, à les évaluer, en discuter, rencontrer leurs auteurs, en débattre avec d’autres classes et en déterminer leur favori.