« J’écris des albums jeunesse, des romans pour les enfants un peu plus grands, des romans pour les adolescents et les jeunes adultes, ainsi que des livres de littérature générale (dont un essai sur l’écriture).
Durant ce temps de résidence, j’ai pour projet un livre pour adolescents mettant en scène une jeune lycéenne qui découvre, par les hasards de l’orientation et à cause d’un cafouillage, quelque chose d’inattendu pour elle : les métiers manuels au sein d’une formation en lycée professionnel. La personnage principale du livre ne connaissait pas ce monde (elle vient d’un milieu social relativement favorisé) et sans doute le jugeait-elle, mais peu à peu elle va se lier avec d’autres élèves et des professeurs, elle va trouver sa place. L’idée pour moi est de confronter deux mondes séparés socialement et culturellement. C’est un thème récurrent dans mes romans : que se passe-t-il quand notre route dévie et qu’on se retrouve dans un univers inconnu, loin de nos repères ?
Cette résidence qui se tient à Provins a pour moi un grand intérêt : accueilli par les équipes enseignantes d’un collège et d’un lycée professionnel, établissements scolaires en dehors du centre ville, je suis en plein cœur des problématiques de mon livre.
Des frontières physiques ou virtuelles décident pour nous de ce que nous verrons et ce que nous vivrons. Il s’agit pour moi de déjouer les murs érigés entre la culture savante, les livres, et de nombreux jeunes pour qui la lecture et la littérature sont des objets effrayants ou au moins étrangers. Il faut que ces deux mondes se rencontrent. Il ne s’agit pas pour moi d’aller porter la bonne parole auprès d’un public peu intéressé par les romans, mais de faire de cette résidence une rencontre à double sens : j’ai à apprendre des élèves, des professeurs et des adultes qui vont m’accueillir, tout comme j’ai des choses à raconter.
Le temps de cette résidence est l’occasion d’ateliers d’écriture, de rencontres autour de mes livres et plus largement autour de la littérature. J’invite des artistes, musiciens, dessinateurs notamment Clément Fabre, dessinateur, co-auteur d’une bande dessinée sur l’architecture, Marc Molk, peintre, Dominique Rocher, réalisateur et metteur en scène (il a adapté un de mes livres au cinéma).
Un des enjeux est pour moi de montrer que la littérature n’est pas un art abstrait. Créer est tout à la fois un acte intellectuel et un abandon de l’intellectualité, c’est une chose finalement très physique. L’écriture est un des moyens qui permet de sortir de soi des connaissances qu’on ignore posséder. Je crois à une évidence de la création. Il n’y a pas besoin d’être sûr de soi, ni d’avoir fait des études. Le talent est la norme, pas l’exception. La créativité est la chose la mieux partagée au monde. Mon rôle est d’accompagner cette prise de conscience. »