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Trêve de Noël
Les accueils du mardi ainsi que les navettes sont suspendus pendant les vacances de Noël.
Très bonnes fêtes de fin d'année à tous !
Programmes A Tout doc, Zoom sur Itinéraires jeunesse collèges
Créé le:
La formation « A tout Doc » fait partie des dispositifs culturels proposés par le Département pour valoriser le cinéma documentaire. Elle permet aussi aux collèges dotés cette année (Meaux et Lieusaint) de bénéficier d'une action culturelle en lien avec ce cinéma.
Cette formation étant ouverte plus largement, un autre collège (Savigny-le -temple) et des bibliothèques (Melun et Nemours) étaient également présents.
Les films retenus cette année : Green Boys d’Ariane Doublet ; Swagger d’Olivier Babinet ; Braguino de Clément Cogitore et Examen d’état de Dieudo Hamadi.
Les collèges de la Pyramide à Lieusaint et Henry IV à Meaux sont inscrits au dispositif cette année. La journée du 28 janvier dernier animée par Marie de Buscher et Nicolas Hans-Martin, documentaristes de l'association Addoc, a permis de découvrir la sélection avec des présentations critiques des films illustrées d’extraits.
Pour plus d’éléments sur le documentaire et pour d’autres idées de films à montrer aux collégiens voir les pages de formations :
C’est une histoire de rencontre, une histoire d’amitié. Au milieu des champs de lin et des pâturages avec vue sur la mer, dans le Pays de Caux, Louka 13 ans et Alhassane 17 ans, jouent au foot, pêchent à l’épuisette, montent aux arbres, se donnent des leçons de choses. Alhassane vient de loin, Louka est d’ici mais tous deux semblent être apparus là dans le paysage instantanément, chacun à sa manière réincarnation du petit prince de Saint-Exupery. Jour après jour ils s’apprivoisent et au rythme de l’amitié qui se noue, construisent une cabane. La cabane c’est celle que l’on bâtit en Guinée, le pays d’Alhassane, et plus que le refuge de leur enfance, elle est comme un bout d’Afrique posée là à flan de colline. Les promeneurs qui passent sur le chemin semblent y venir en voyage. Dans la cabane, Alhassane ne veut pas dormir la nuit. Il a peur des diables. Louka lui n’y croit pas. Mais ce qui les sépare les lie tout autant que ce qui les réunit. Cette histoire de petits princes, l’un à l’orée de l’adolescence l’autre au bord de l’âge adulte, est une histoire mise en scène avec douceur, cadres ouverts sur l’horizon, plans qui s’étirent dans le décor paisible d’une ruralité qui semble échapper à toute violence. Moment précieux, filmée comme hors du temps, cette amitié qu’Ariane Doublet conte avec délicatesse, n’est pas tant porteuse d’espoir, elle apparaît plutôt comme une parenthèse enchantée.
"J’étais tout seul dans la ville. Je ne pouvais parler à personne. Ce qui tournait dans ma tête, c’est où je vais dormir ? J’ai passé quelque temps à la gare, et j’ai dormi dehors. Trois jours plus tard il y a un jeune qui m’a demandé ce que je fais là. Il m’a dit qu’il ne peut pas m’héberger mais il a donné l’adresse d’une association. J’ai été accueilli chez des français. Dans différentes maisons. À chaque fois ils me prennent comme leur propre fils".
Alhassane, 17 ans
La réalisatrice
Née en 1965, Ariane Doublet est réalisatrice, documentariste et monteuse française. Si elle entretient souvent une complicité amusée avec les personnages de ses films, derrière cette légèreté en trompe l'œil, s’esquisse une réflexion sur les temps modernes, ses ressorts et ses maux. Ils sont paysans dans Les Terriens, vétérinaires dans Les Bêtes, ouvriers dans Les Sucriers de Colleville, filateurs chinois dans La Pluie et le Beau Temps, ou syriens réfugiés dans un village normand. Elle tourne la plupart de ses films dans le Pays de Caux, à la recherche d’une géographie humaine et universelle.
Filmographie :
1997 : Jours d'été (50 min)
1999 : Les Terriens (81 min)
2001 : Les Bêtes (67 min)
2004 : Les Sucriers de Colleville (90 min)
2005 : La Maison neuve (52 min)
2009 : Fièvres (43 min)
2011 : La Pluie et le beau temps (74 min)
2015 : La Terre en morceaux (55 min)
2017 : Les Réfugiés de Saint-Jouin (58 min)
2019 : Green Boys (71 min)
« J'ai la chance de faire un métier qui me permet de donner la parole à des gens qu'on entend pas, ou peu, ou trop peu. »
Ariane Doublet
Rôle majeur de la musique dans le film, fil conducteur qui apparaît sous différentes formes dans le film :
Le jeune guinéen écoute sa musique (la kora)
Le jeune voisin écoute la sienne
des chansons viennent ponctuer le film et soutenir la poésie des images « Summertime » dans le champ de blé questionne notre rapport aux migrants « Nature boy » de Nat King Cole
Pour aller plus loin
Teen-movie documentaire, Swagger nous transporte dans la tête de onze enfants et adolescents aux personnalités surprenantes, qui grandissent au cœur des cités les plus défavorisées de France. Le film nous montre le monde à travers leurs regards singuliers et inattendus, leurs réflexions drôles et percutantes.
Adoptant un cinéma libre et affirmé, Swagger déploie une mosaïque de rencontres en mélangeant les genres, jusqu’à la comédie musicale et la science-fiction. Il donne vie aux propos et rêves de ces ados avec humour et poésie.
Car, malgré les difficultés de leurs vies, les enfants d’Aulnay et de Sevran ont des rêves et de l’ambition. Et ça, personne ne leur enlèvera.
« C'est là que j'ai rencontré ces enfants. Depuis mon enfance, le collège, l’internat, j’ai tendance à fréquenter des gens du même milieu : le cinéma, la musique, la presse, la pub… Un milieu un peu clos, fait de gens d'horizons divers certes, mais un peu consanguin. J’étais donc curieux, et avide d'autre chose. Je me suis dit que ça pouvait être pas mal de faire un film là-bas. Mais je n’avais aucunement l’idée de faire un film directement sur eux. »
Olivier Babinet
Le réalisateur
Né à Strasbourg, Olivier Babinet réalise avec le photographe Fred Kihn son premier long-métrage, Robert Mitchum est mort (2010), projeté au 63e Festival de Cannes à l’Acid. En parallèle, il travaille pendant deux ans avec des collégiens d’Aulnay-sous-Bois. Au fur et à mesure de ces rencontres a germé l’idée de leur consacrer un film documentaire. Swagger est présenté au Festival de Cannes en 2016, à l’Acid, sélectionné aux Césars et au Prix Lumière. Actuellement, Olivier Babinet prépare un nouveau long-métrage de fiction Poissonsexe.
Filmographie :
2002 : C’était le chien d’Eddy, Fiction (15 min)
2009 : C’est plutôt genre Johnny Walker, Fiction (28 min)
2011 : Robert Mitchum est mort, Fiction (1h31)
2016 : Swagger (1h24)
2020 : Poissonsexe, Fiction (1h28)
« Je voulais filmer les enfants comme des héros de cinéma »
Olivier Babinet
Pour aller plus loin
Braguino est un voyage photographique et filmique à la recherche d’une "communauté impossible", recluse au cœur de la forêt en Sibérie. Au milieu du village : une barrière sépare les Braguine et les Kiline. Vivant recluses en autarcie au bout du monde, les deux familles se sont brouillées, se haïssent et refusent depuis plusieurs années de se parler. Entre la peur des bêtes sauvages, du feu qui détruit tout, et la joie offerte par l’immensité de la forêt et de ses ressources, enfants et adultes tentent tant bien que mal de vivre ensemble : un projet politique à l’épreuve de la taïga.
« La vie dans la forêt est une vie dure. On est dans la Sibérie du bagne. Sacha est venu là pour avoir la paix. Il vient d’une communauté qui s’appelle « Les Vieux Croyants » où l’on refuse tout ce qui vient de la civilisation. Sacha vient de là, où les règles peuvent être très rigides ou absurdes. Il a le sens de la place de l’homme sur terre. On ne prend de la Taïga que ce dont on a besoin. C’est par des signes, des silences que j’ai compris qu’il y avait un conflit [entre ces deux familles]. L’idée, le projet du film c’était de parler de la construction d’un monde et son impossibilité à partager. »
Clément Cogitore
Le réalisateur
Né en 1983 à Colmar, Clément Cogitore vit et travaille entre Paris et Strasbourg. Après des études à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et au Fresnoy-Studio national des arts contemporains, Clément Cogitore travaille en mélangeant films, vidéos, installations et photographies. Ses films ont été sélectionnés dans de nombreux festivals internationaux (Cannes, Locarno, Lisbonne, Montréal…) et ont été récompensés à plusieurs reprises. Son travail a également été projeté et exposé dans de nombreux musées et centres d’arts. En 2015, son premier long-métrage Ni le ciel, ni la terre a été récompensé par le Prix de la Fondation Gan au Festival de Cannes, salué par la critique et nommé pour le César du meilleur premier film.
Filmographie :
2005 : Chroniques, Fiction (35 min)
2011 : Parmi nous et Bielutine (40 min)
2015 : Ni le ciel, ni la terre, Fiction (1h40)
2017 : Les Indes galantes (6min) et Braguino (50 min)
2018 : The Evil eyes (15 min)
« Je pense que j'ai filmé un monde qui va disparaître »
Clément Cogitore
Pour aller plus loin
À Kisangani, en République démocratique du Congo, un groupe de jeunes lycéens s'apprête à passer son examen d’État, l’équivalent du baccalauréat français. La caméra de Dieudo Hamadi le filme tout au long de sa préparation, depuis les bancs de l'école d’où les élèves se font régulièrement chasser parce qu’ils n’ont pas payé la "prime des enseignants", aux "maquis" (maisons communes) où ils se retrouvent pour réviser et dans les rues chaotiques de la ville où ils passent leur temps à "chercher la vie".
« Ce qu’il y a de bien avec le cinéma, c’est qu’il amplifie certaines choses et ça donne un cadre pour discuter. On sait qu’il y a des problèmes au niveau du système éducatif au Congo, on sait qu’il y a des choses qui ne marchent pas. Moi, j’offre juste à voir ces problèmes, de l’intérieur ou de manière assez particulière. (…)C’est important qu’on discute sur ce qu’on veut faire de l’avenir de ce pays, de la jeunesse de ce pays. C’est le but pour moi. »
Dieudo Hamadi
Le réalisateur
Dieudo Hamadi est né en 1984 à Kisangani. Il étudie la médecine avant de se tourner vers le cinéma. Depuis 2002, il suit plusieurs ateliers de documentaires et des cours de montage et une formation dans une école de cinéma, à Paris. Il travaille comme monteur, producteur, et assistant-réalisateur. En 2013, il réalise son premier long métrage, Atalaku, qui raconte la campagne électorale de 2012 en République démocratique du Congo. En 2014, de retour à Kinshasa, il réalise Examen d'état. Dans ce film, il raconte le parcours des lycéens qui ne peuvent pas payer la prime des professeurs. Pour cette raison, ils sont exclus du lycée et ne peuvent pas passer l'examen d'état qui est l'équivalent du baccalauréat. En 2017, son film Maman Colonelle est primé au festival du réel. Ce film suit au quotidien, Maman Honorine colonelle dans la police congolaise, chargée de la protection des enfants et de la lutte contre les violences sexuelles.
Filmographie :
2009 : Ladies in Waiting (24 min)
2010 : Congo In Four Acts (73 min)
2013 : Atalaku (60 min) 2014 : Examen d'état, (1h30) Grand prix FIFADOC, Prix Potemkine et Prix SCAM (Cinéma du réel)
2017 : Maman Colonelle (72 min)
2018 : Kinshasa Makambo (70 min)
« Le documentaire est la forme la plus compatible avec mon environnement »
Dieudo Hamadi
Pour aller plus loin
Le cinéma documentaire est avant tout... du cinéma !
Plan : unité narrative
Séquence : une suite de plans
Montage : l'écriture, le langage du cinéma
Le cœur du documentaire est la relation entre le filmeur et le filmé : chaque film en parle, à sa manière.
Un film est un mélange de narration (quelle histoire on veut raconter) et de dramaturgie (comment on la raconte), par des choix de cadre, de musique, de distance, etc
Le cinéma documentaire change les personnes qui sont filmées, par la possibilité qui leur est offerte de s'exprimer, et aussi celles qui filment, qui sortent transformées de l'expérience comme on est transformés par une rencontre.
Le cinéaste doit tenir sa place de cinéaste face aux personnes qu'il filme. Il doit montrer ce qu'il doit montrer, pas obéir aux personnes qu'il filme. Garder sa place permet aux choses d'advenir car le film en train de se faire rend les choses possibles.
Séquencer les extraits en racontant le film : regarder les 5-8 premières minutes des films pour en montrer les enjeux.
Passer 2 ou 3 autres extraits pour illustrer le déroulement de l'histoire et montrer comment se déploie la narration : l'occasion est créée pour échanger, discuter.
Visionner le début ensemble est important pour déclencher des envies et travailler sur les attentes du spectateur. Visionner le film dans son entier (longtemps) après permet de travailler sur l'écart entre les attentes et le film. Laisser passer du temps entre le première présentation et le visionnage laisse le temps au film de travailler et d'infuser dans l'esprit des élèves.
C'est l'occasion de revenir sur ce que c'est d'être un spectateur et d'avoir des attentes (déçues ou non) face à un film. Cela créé de l'activité et éloigne la passivité de la réception du spectateur.
Le film documentaire est un bon médium d'écriture : le spectateur est là aussi actif. Travailler sur les attentes déçues, c'est raviver sa capacité à rêver, interroger chacun sur son rapport intime et personnel au sujet évoqué.
Se faire confiance et faire confiance au public ! Tout spectateur, même sans connaissance cinématographique, a ressenti quelque chose face à un film. Chacun est libre de ses interprétations, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse en cinéma. Le débat qui suit le visionnage d'un film ou la rencontre avec son réalisateur est davantage un lien entre le spectateur et le film. Si le film est bon, il est porteur de toutes les questions, et de toutes les solutions en même temps. Plus il est riche, plus les interprétations possibles sont nombreuses. La seule mission du médiateur est de veiller à ce que le débat porte aussi sur la forme, et ne soit pas ramené au seul fond.
Pour parler d'un film, il faut donc faire confiance à ses sensations de spectateur, à son état du moment. Pour être à l'aise, il est préférable d'avoir vu le film plusieurs fois, et de l'apprécier : on parle toujours mieux des films qu'on aime. Pour lancer un débat on peut mémoriser les premières images du film. Aucun choix n'étant anodin, se demander pourquoi un film qui commence sur tel type d'images peut enclencher une réflexion. On peut également mémoriser les séquences qu'on a appréciées pour pouvoir les retranscrire au public et partager des impressions. On peut préparer la séance en réfléchissant aux liens qui existent souvent entre les premières et les dernières images du film. Créer des passerelles avec d'autres films qu'on connaît bien et qu'on apprécie peut se révéler intéressant. Et parfois, les scènes les plus difficiles à appréhender se révèlent porteuses de sens et d'intérêt et suscitent les débats les plus riches.
A vous de jouer !