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Le cinéma documentaire au collège en 2019

Affiche de film
Retour sur la formation autour de quatre films à voir et à débattre avec des collégiens.

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Cette formation s'adresse en premier lieu aux collèges retenus dans le cadre des actions culturelles proposées aux collèges dotés mais elle est plus largement ouverte aux autres établissements et bibliothèques du département. 

Les quatre films retenus cette année : L’esprit des lieux de Stéphane Manchematin et Serge Steyer; Vers la tendresse d’Alice Diop ; 17 ans de Didier Nion et L’été de Giacomo d’Alessandro Comodin.

Deux collèges dans l’aventure en 2019

Le collège Denecourt à Bois le Roi et le collège La Vallée à Avon sont inscrits cette année dans le dispositif A tout doc collèges. Le 29 janvier dernier, la journée est entrée directement dans le vif du sujet avec les présentations critiques des films par Marie de Buscher et Nicolas Hans-Martin, documentaristes de l'association Addoc.

Quelques repères pour entrer dans les films

L’esprit des lieux de Stéphane Manchematin et Serge Steyer (2018)

Héritier d’une pratique paternelle, Marc consacre l’essentiel de son temps à sa passion : « Je vis au pays des sons ». Cette quête existentielle l’a conduit à s’enraciner à la lisière d’un massif forestier, dans les Vosges, et à y fonder famille. À la tombée du jour, il camoufle ses micros dans un sous-bois, déclenche la prise de son, puis s’éloigne jusqu’à se fondre dans la nature. Toute la nuit, le dispositif capte des ambiances sonores : souffles, cris, chants, grattements... De retour en studio, dans le sous-sol de sa maison, Marc écoute les enregistrements afin d’en extraire les pépites. Curieuse et intriguée par ses activités nocturnes, sa fille Lucie manifeste l’envie de l’accompagner. Elle est souvent la première auditrice des tableaux sonores que crée son papa. Son travail commence à faire parler de lui, dans les écoles, les milieux artistiques, la scène musicale… Bientôt, un compositeur, Christian Zanési, lui propose de collaborer à la création d’une pièce de musique électroacoustique.

Les réalisateurs
Stéphane Manchematin s’intéresse aux formes et aux écritures documentaires depuis une vingtaine d’années. Il a monté, produit, écrit et réalisé des œuvres pour la télévision, la radio et le cinéma. Il enseigne le cinéma et l’audiovisuel à l’Université de Lorraine.

Serge Steyer s’est engagé dans la voie du documentaire en 1990. Il a réalisé une trentaine de films : Vivre en ce jardin, Huis clos pour un quartier, En attendant le déluge, les portraits de Jacques Ellul, Jean-Marie Pelt, Bireli Lagrène, Kaija Saariaho…

Serge et Stéphane collaborent régulièrement depuis l’an 2000. En 2014, ils ont co-réalisé Le Complexe de la salamandre, sorti en salles et sélectionné dans plusieurs festivals en France et à l’étranger.

« …je crois que, depuis le début, l’idée de l’expérience du spectateur était plus importante que le côté didactique ou pédagogique. L’explication n’était pas fondamentale. Ce qui a été au cœur de tous les choix qu’on a pu faire, de tournage, de montage, a toujours été cette volonté de favoriser l’écoute du spectateur. L’on avait envie qu’en sortant de la salle, le spectateur soit un peu plus sensible au monde sonore qui l’entoure et qu’il se dise que son émotion face à un paysage provient peut-être, en partie, de ce qu’il y entend. Nous voulions vraiment, Serge et moi, que le spectateur ait envie de fermer les yeux. ».

Stéphane Manchematin

Pistes de travail autour du film

  • Etre sensible aux indications données par les premières minutes du film. La scène d’ouverture montre que le film sera dans l’écoute, nous installe dans une temporalité
  • Un film sur le son comme une métaphore du cinéma qui en reprend les 3 mouvements : captation / écoutes / restitution. Qu’est-ce que faire un film ? Quelle matière on va chercher, comment on la met bout à bout et comment on la restitue ?
  • Un film bienveillant : souci et intégrité de chacun (exemple de la scène avec le crapaud)
  • Thème de la transmission : père / fille. Le père du personnage était également preneur de son
  • Relation filmeur/filmé, la caméra est « oubliée » dans ce cocon père/fille, elle est intégrée à la vie des personnages (scène nocturne d’écoute du brame dans la forêt) 
  • Thème de la mémoire: enregistrer pour garder des traces (notamment d’une biodiversité mise à mal), une mémoire, c’est l’un des enjeux du cinéma
  • Le personnage, Marc Namblard, miroir du réalisateur (preneur de son, papa depuis peu, capte des morceaux du réel et les restitue)
  • Un film sur la puissance du son:
    Le son comme parole, qui nous parvient et nous entoure dès le ventre de notre mère. Les sons comme aventure sensorielle;
    Toute la dramaturgie du film est construite autour des sons, pas de la parole;
    Le son permet une captation plus large du réel que l’image;
    Se souvenir du passé par les sons (écoute avec son frère des sons enregistrés par leur père);
    La puissance d’évocation du son et la place laissée à l’imaginaire;
    Dimension musicale donnée aux sons avec le travail réalisé avec le musicien 
  • Une esthétique de fiction, avec une mise en scène très rigoureuse, caméra sur pied.
    Evocation d’autres films ou univers, Apocalypse now ou Jack London, renforce le côté fictionnel 
  • Le film aborde en douceur et sans gravité la question essentielle de l’écoute pour faire perdurer les espèces « Si on ne nous entend pas, on n’existe pas » (séquence du spectrogramme du chant des grenouilles et des insectes)
  • Les progrès technologiques permettent d’entendre toujours plus, de filtrer/séparer toujours plus les fréquences sonores… et possiblement de manipuler plus facilement les images animées
  • Montage qui préserve l’intimité de la nature et des personnages, coupes et prises de vue plus larges quand cela devient trop personnel.

 Pour aller plus loin :
Le Blog documentaire : "L'esprit des lieux" ou les oreilles grandes ouvertes sur le monde, par Nicolas Bole, mars 2018.
Télérama : À l'écoute d'un chasseur de silence, par François Ekchajzer, mars 2018.
Télérama, chronique de la version 52 minutes, "Chasseur de son", août 2018.
Le Monde, Renaud Machart, août 2018 : Le subtil et poétique herbier sonore de Marc Namblard

Vers la tendresse d’Alice Diop (2016)

« Au cours d’un atelier sur le thème de l’amour, j’ai rencontré quatre jeunes hommes tous originaires de Seine Saint-Denis. J’ai enregistré nos conversations. J’ai eu envie de faire de ces voix un film. ».
Alice Diop

Voir la bande annonce

La réalisatrice
Née à Aulnay-sous-Bois en 1979, de parents sénégalais, Alice Diop a grandi jusqu'à l'âge de 10 ans dans la Cité des 3000. Elle se lance initialement dans des études d'histoire, puis s'inscrit à la faculté d'Evry en DESS de sociologie visuelle. Filmographie :
2016 La permanence
2016 Vers la tendresse
2010 La mort de Danton
2007 Les sénégalaises et la sénégauloise.

« Avec une infime délicatesse, avec une élégance rare mêlée à la force de paroles crues et violentes, le film d’Alice Diop nous conduit « Vers la tendresse ». Ce documentaire, né d’un atelier sur l’amour mené par la réalisatrice et dont elle a enregistré les témoignages, parvient à faire entendre pleinement la dureté, la difficulté des relations amoureuses chez des jeunes ayant grandi dans les banlieues. L’habile réalisation des images, parfaitement montées avec les conversations recueillies, donne corps à une histoire aussi brute que poétique ».

Fanny Belvisi

Pistes de travail autour du film

  • Ecrire pour filmer. Film issu d’un atelier d’écriture. Permet de rappeler qu’un film documentaire implique nécessairement un travail d’écriture
  • Les cités : thème de l’amour et du vivre ensemble; interroge aussi le rapport à l’image dans les banlieues
  • Un film sur la parole: Comment restituer la parole de personnes qui ne veulent pas être vues, pose la question de la représentation;
    Les voix entendues ne sont pas toujours celles des protagonistes; Donne à entendre des choses qu’on n’entend pas ailleurs, ce qui est le propre du documentaire; De la difficulté de parler d’amour, interroge ce qu’est la parole aujourd’hui
  • Film en 4 mouvements et en 4 témoignages 
  • Axe dramatique annoncé dès le titre, parcours émotionnel vers la tendresse
  • Difficulté de se rencontrer et d’être en couple, questionne les relations hommes/femmes dans la société actuelle
  • Un dispositif qui interroge la façon de faire un film documentaire
  • Certaines images créent le malaise. Le décalage parfois entre les images et les paroles perdent le spectateur, à l’image de ces jeunes, perdus face à l’amour
  • Pose la question du voyeurisme en tant que spectateur de cinéma et des limites de l’intimité, ne pas montrer la personne qui parle pour préserver son intimité
  • Montre différentes facettes de la femme, tantôt objet, tantôt idéale. Jeu sur le décalage entre les deux
  • Aborde la différence, la marginalité (écho au roman « En finir avec Eddy Bellegueule » d’Edouard Louis => sortir de la cité pour assumer son homosexualité)
  • Evolution du film, des images, de la parole. En partant d’une scène initiale tout en clichés pour terminer sur une scène d’amour, tendre, moment d’intimité fort (moments rares dans le cinéma documentaire)
  • Alice Diop incarne l’émergence d’un cinéma issu de milieux défavorisés. Elle a obtenu le César du court-métrage en 2017

Pour aller plus loin :
Télérama : "Vers la tendresse" magnifique film sur l'amour dans les quartiers
Le blog documentaire : "Vers la tendresse" d'Alice Diop
France-Culture : "Vers la tendresse" entretien radio, émission LSD.  

17 ans de Didier Nion (2003)

Jean-Benoît a dix-sept ans, il habite avec sa mère dans la banlieue de Rouen. Quand il avait douze ans, son père a mis brutalement fin à ses jours. Adolescent fragilisé, guetté par les tentations d’autodestruction, par les demi-mesures velléitaires, il est en permanence sur le fil. Au sortir de l’été, il débute un apprentissage de mécanicien - une promesse qu’il veut tenir pour son père : avoir un métier, faire ses preuves, s’en sortir. Les apprentissages de Jean-Benoît sont multiples. La rencontre d’une jeune femme, Héléna, avec laquelle il découvre l’amour et la bienveillance, se heurte à la démission et la violence d’une mère. Et il doit aussi se faire une place au garage, parmi les hommes. Tourné pendant trois ans, le film fait partie du parcours, devient lui aussi un lieu d’apprentissage et de réflexion. En confrontant Jean-Benoît à sa propre image, il devient un relais, lui donne les moyens d’agir. Un travail fait en commun, pour restituer la difficulté, la délicatesse, d’un passage vers l’âge adulte

Le réalisateur

1983-1998 : chef machiniste et opérateur Cinéma et télévision
1976 : CAP de menuisier
1959 : né à Le Petit Quevilly le 21 janvier

FILMOGRAPHIE
2017 Naufragé volontaire
2003 17 ans
2000 Voyages, voyages. Vientiane.
1999-1998 Juillet à Quiberville et Juillet
1996 Clean time, le soleil en plein hiver
1994 Ray Diaz
1990 Les plans de la comète
1985 Le mariage ou le baiser caméra

« Mon parcours personnel est proche de celui de Jean-Benoît, avec ses blessures, ses incompréhensions… Intimement, je savais qu’un jour, je déposerai cette enfance blessée. Avec ce film, j’éprouve une sorte de fierté, le sentiment d’avoir concrétisé quelque chose, de pouvoir enfin dire, « J’existe ». Ce film est l’aboutissement d’une première vie. Pour moi, et aussi pour Jean-Benoît. ».

Didier Nion

Pistes de travail autour du film

Être sensible aux indications données par les premières et les dernières minutes du film

  • Le personnage de Jean Benoît a été rencontré lors du tournage d’un précédent film documentaire. D’ailleurs le film s’ouvre une séquence de ce précédent film
  • Un film construit en 3 mouvements : les débuts du BEP, Pourquoi ça bloque ? et son engagement final 
  • D’emblée l’ambivalence du personnage s’affiche, tiraillé entre des envies de suicide, de calme, et aussi de faire des « conneries »
  • Une question est posée, elle alimentera la dramaturgie de tout le film, « Va-t-il y arriver, se sortir de ses démons, réussir à passer son BEP ? »
  • Thème de l’engagement, Jean Benoît a envie de passer son BEP et de faire ce film, et pourtant il ne s’en donne pas toujours les moyens, rappelle la fragilité du pacte
  •  Enjeu du cinéma direct : risque que le film s’arrête si l’adolescent ne veut plus continuer, moments de doute gardés au montage pour illustrer l’évolution du personnage
  •  Film qui pose fortement la question du filmeur et du filmé. Le réalisateur est très engagé dans cette aventure, il est présent par la voix dans le film. Sa posture est bienveillante, il est tour à tour éducateur, grand frère, père.
  • Question du miroir, Jean Benoît est le miroir de Didier Nion, contexte familial difficile, placement, apprentissage. Le film est fait pour réparer quelque chose.
  • Le film dans sa construction relève du suspens. Les choses se dévoilent petit à petit grâce au travail de montage, belle tension narrative
  • Incidence de la caméra et du réalisateur qui ont conduit/permis à JB de prendre du recul par rapport à sa situation • Des images de paysages, très poétiques, très photographiques viennent régulièrement ponctuer le film
  • Certaines scènes sont l’exacte métaphore de la situation. Par exemple quand Jean-Benoît doit reconstruire un moteur dans l’atelier, de la même façon qu’il est lui-même en pleine reconstruction

Pour aller plus loin :
Dossier pédagogique très complet
Entretien avec Didier Nion 

L’été de Giacomo de Alessandro Comodin (2011)

Campagne du Frioul en été, Giacomo, 19 ans et mal-entendant, traverse une forêt pour se rendre avec son amie Stefania au bord d’une rivière turquoise. Dans ce lieu idyllique, les corps enivrés par le soleil et la nature environnante, improvisent une étrange danse amoureuse. Cette journée d’été semble ne jamais vouloir s’achever et, dans le même temps, suspendue à la fugacité d’un souvenir.

Avec la beauté du 16 mm, Alessandro Comodin saisit dans son premier long métrage les vibrations de la nature et des corps, hybride documentaire et fiction, et mêle différentes temporalités. On retrouve déjà cette singularité, en germe, dans son court métrage Jagdfieber (Cannes 2009, Quinzaine des réalisateurs).

Voir la bande annonce

Le réalisateur

« L'Eté de Giacomo est mon premier long-métrage. Avant j’ai étudié à l’université en Italie dans une fac de cinéma, ensuite j’ai fait un Erasmus à Paris où j’ai regardé plein de films et puis j’ai étudié la réalisation dans une école de cinéma en Belgique, l’INSAS. Je suis sorti de cette école en 2008 avec un film de diplôme JagdfieberLa fièvre de la chasse qui a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2009. » Alessandro Comodin a réalisé ensuite 2 films de fiction .

« Comme il n’y avait rien d’écrit, tout était improvisé dans les dialogues et les actions.(…) Les longs plans-séquences, l’insistance, l’entêtement, la patience ou, si tu veux, la croyance qu’à un moment donné il se serait produit quelque chose d’intéressant, ce sont toutes les conditions qui ont fait en sorte qu’effectivement à la fin quelque chose a fini par se produire. Nous, on était là pour le filmer au bon endroit et au bon moment, on sentait qu’il allait se passer un truc et on y allait. Parfois on se trompait d’endroit et démarche, parfois on n’y croyait pas assez et ça ne donnait rien, mais pour les scènes du fleuve, toutes les conditions étaient réunies, aussi bien pour l’équipe que pour les jeunes. ».

Alessandro Comodin

Pistes de travail autour du film

  • Être sensible aux indications données par les premières minutes du film. Ouverture du film : très long générique, le personnage est filmé de dos, on perçoit son appareil auditif
  • Du rush au film : le réalisateur a filmé l’opération de Giacomo mais n’en a pas gardé les images au montage. Cette opération lui a permis de mieux entendre, le film est récit de cette réappropriation sensorielle
  • Récit d’initiation
  • Le film repose sur un dispositif qui n’est pas révélé au spectateur. La rencontre entre Stefania et Giacomo est orchestrée par le réalisateur
  • Une mise en scène travaillée et des choix narratifs : plans très longs, caméra parfois portée sur celui qui écoute, pas sur celui qui parle, façon de jouer avec les codes filmiques
  • Thème du handicap et des problèmes relationnels associés, violence et autisme liés à sa sensation d’enfermement
  • Evolution des rapports entre Stefania et Giacomo. Il se montre d’abord agressif, semble éprouver des difficultés à sortir de son enfermement, crée une situation d’inconfort pour le spectateur. Puis, avec le temps et par le film, il évolue et devient en mesure d’apprécier ses émotions
  • Travail sur la musique qui passe de diégétique à une bande son
  • Film hybride, qui par son dispositif interroge la notion de documentaire. Références à des films de fiction. Influences : la nouvelle vague, Rouch, Rozier, Rohmer, Rossellini, Pialat ou Eustache et le cinéma asiatique d’Apichatpong, Hong Sang-soo, Naomi Kawase et Edward Yang
  • Giacomo comme miroir du réalisateur, qui a vécu une adolescence difficile entre maladresse avec les filles et ennui dans la campagne italienne

Pour aller plus loin :

Critikat : L'été de Giacomo
Doc sur grand écran : entretien avec Allessandro Comodin

Aller plus loin...

Un peu de vocabulaire

Le cinéma documentaire est avant tout... du cinéma !

Plan : unité narrative
Séquence : une suite de plans
Montage : l'écriture, le langage du cinéma

Le cœur du documentaire est la relation entre le filmeur et le filmé : chaque film en parle, à sa manière.

Un film est un mélange de narration (quelle histoire on veut raconter) et de dramaturgie (comment on la raconte), par des choix de cadre, de musique, de distance, etc

Le cinéma documentaire change les personnes qui sont filmées, par la possibilité qui leur est offerte de s'exprimer, et aussi celles qui filment, qui sortent transformées de l'expérience comme on est transformés par une rencontre.

Le cinéaste doit tenir sa place de cinéaste face aux personnes qu'il filme. Il doit montrer ce qu'il doit, pas obéir aux personnes qu'il filme. Garder sa place permet aux choses d'advenir car le film en train de se faire rend les choses possibles.

Conseils pour travailler autour des films

Séquencer les extraits en racontant le film : regarder les 5-8 premières minutes des films pour en montrer les enjeux.

Passer 2 ou 3 autres extraits pour illustrer le déroulement de l'histoire et montrer comment se déploie la narration : l'occasion est créée pour échanger, discuter.

Visionner le début ensemble est important pour déclencher des envies et travailler sur les attentes du spectateur. Visionner le film dans son entier (longtemps) après permet de travailler sur l'écart entre les attentes et le film. Laisser passer du temps entre le première présentation et le visionnage laisse le temps au film de travailler et d'infuser dans l'esprit des élèves.

C'est l'occasion de revenir sur ce que c'est d'être un spectateur et d'avoir des attentes (déçues ou non) face à un film. Cela créé de l'activité et éloigne la passivité de la réception du spectateur.

Le film documentaire est un bon médium d'écriture : le spectateur est là aussi actif. Travailler sur les attentes déçues, c'est raviver sa capacité à rêver, interroger chacun sur son rapport intime et personnel au sujet évoqué.

Animer un débat après une projection

Se faire confiance et faire confiance au public ! Tout spectateur, même sans connaissance cinématographique, a ressenti quelque chose face à un film. Chacun est libre de ses interprétations, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse en cinéma. Le débat qui suit le visionnage d'un film ou la rencontre avec son réalisateur est davantage un lien entre le spectateur et le film. Si le film est bon, il est porteur de toutes les questions, et de toutes les solutions en même temps. Plus il est riche, plus les interprétations possibles sont nombreuses. La seule mission du médiateur est de veiller à ce que le débat porte aussi sur la forme, et ne soit pas ramené au seul fond.

Pour parler d'un film, il faut donc faire confiance à ses sensations de spectateur, à son état du moment. Pour être à l'aise, il est préférable d'avoir vu le film plusieurs fois, et de l'apprécier : on parle toujours mieux des films qu'on aime. Pour lancer un débat on peut mémoriser les premières images du film. Aucun choix n'étant anodin, se demander pourquoi un film qui commence sur tel type d'images peut enclencher une réflexion. On peut également mémoriser les séquences qu'on a appréciées pour pouvoir les retranscrire au public et partager des impressions. On peut préparer la séance en réfléchissant aux liens qui existent souvent entre les premières et les dernières images du film. Créer des passerelles avec d'autres films qu'on connaît bien et qu'on apprécie peut se révéler intéressant. Et parfois, les scènes les plus difficiles à appréhender se révèlent porteuses de sens et d'intérêt et suscitent les débats les plus riches.

A vous de jouer !