Formation délivrée les 1er et 2 avril 2021 par Marie-Jeanne TROUCHAUD, Jean-Charles PETTIER et Arnaud BARBÉ-DELMAS de l'Association SEVE.
L’adolescent doit pouvoir se dire : « je suis capable de penser. »
- Réintroduire l’idée de prendre le temps : « une minute, on réfléchit ! » et la mettre en pratique.
- Montrer que personne n’a la réponse à une question d’un coup et que le travail de réflexion est utile et accessible pour tous (impulsifs et réflexifs).
Cela implique de :
- donner la parole
- écouter ce qu’ils ont à dire
- demander des précisions
Les mots sont au cœur de l’estime de soi et la construction de soi : le mot est ce qui m’aide à structurer ma pensée, l’exprimer et interagir avec les autres.
La posture basse :
Il s’agit de toujours demander des précisions quand un adolescent pose une question pour bien comprendre la demande. C'est « la position basse » de l’adulte : le « je ne comprends pas » de l’animateur est très important.
Cela permet de se mettre à la place de l’adolescent et de se méfier de ses propres interprétations.
C’est une posture très féconde pour tous de se dire qu’ « en tant qu’adulte, j’ai quelque chose à apprendre de cet échange », et de le dire avec des formules du type : « je n’y avais pas pensé », « tu m’apprends quelque chose. »
1- L’interlocuteur valable : vu ci-dessus
2- Philosopher = 3 processus de pensée + 1 (Michel Tozzi : Philotozzi)
- Conceptualiser : toucher le niveau abstrait (pas pour les enfants mais bien pour les adolescents) : expliquer le sens d’un mot (définir sans le dire), opposer les contraires, comparer, rassembler tous les exemples.
- Argumenter : identifier les sources (qui dit ça), examiner la pertinence des sources (peut-on se fier à untel dans ce domaine ?).
- Problématiser : chercher ce qui peut faire problème, mettre en question : trouver un contre-exemple, questionner sur le vrai (toujours vrai ? jamais vrai ? ça serait vrai pour tout le monde ?), le dire d’une autre façon, avec un ton interrogatif pour relancer la réflexion, etc.
- Interpréter : se mettre à la place de l’autre, compréhension des enjeux qu’il y a derrière.
3- Les 4 règles de l’échange
- Chacun a droit à la parole.
- Toute parole doit être argumentée.
- Interdiction de se moquer.
- Priorité de parole à celui qui n’a jamais parlé.
4- Place et rôle de l’animateur
- Donner la parole.
- Rappel d’où on en est dans la discussion.
- Poser des questions pour bien comprendre ce que l’adolescent veut dire.
5- Questionner
Typologie de questions pour :
- Faire décrire ;
- Faire le lien (ouvrir, élargir le propos à d’autres situations : leur quotidien, autres séances, etc.) ;
- Faire des hypothèses et déductions ;
- Aller vers le concept ;
- Amener à se prononcer (finalement, toi, comment tu vois les choses ? => une prise de risque)
1- Tout-petit jusqu’à 4-5 ans : obéissance aveugle sans jugement éclairé, qui dépend uniquement de la conséquence redoutée (punition, peur, etc.) = stade 1
2- Jusqu’à 10 ans : Le relativisme instrumental : réaction à ce que ça rapporte à soi-même = stade 2
3- 11 ans : niveau conventionnel : stade 3 = les autres, les pairs et stade 4 = la loi, l’ordre (l’adolescent mesure la loi, l’ordre et voit si ça tient : il faut donc poser des limites fondées et être cohérent)
Certains adultes en restent aux stades 3 et 4.
4- Niveau post-conventionnel : celui qui se dégage des conventions pour les repenser = stade 5 : la référence est le contrat social, le principe qui aide à penser ce que c’est de vivre en société, et stade 6 = la référence est le principe éthique universel (ex : droits de l’homme) : très peu de personnes atteignent ce stade (Gandhi, Martin Luther King).
Avec des adolescents, il convient de proposer une réflexion qui élargit mais reste proche de leur stade de développement moral.
Les adolescents sont dans l’excès et ont beaucoup d’émotions fortes mais sont aussi très fins et intelligents et vont pointer ce qui ne va pas.
Leur identité est en construction et le rapport à la sexualité et au genre est clivant, surtout dans les milieux sociaux défavorisés. L’entrée par la littérature peut permettre d’éviter les prises de position excessives.
1- Compétences sociales :
- Travailler en groupe.
2- Compétences psychologiques :
- Capacité à s’interroger sur son identité, à construire.
- Sujets importants : émotions, amitié, amour, rapport filles-garçons, le fait de grandir (continuum), la loi ou sa remise en cause, l’autre en tant que différent de soi, les limites.
- L’animateur doit rester en retrait pendant les échanges : laisser débattre et après faire le point : réponses sociales actuelles aux questions abordées.
3- Compétences physiques :
- Sexualité, maîtrise d’un nouveau corps, questions sur la société des apparences.
4- Importance de l’apport de la culture (littérature, films, musique) :
- Ils peuvent lire et écrire des textes complexes ; il s’agit de les aider à construire des utopies.
Les besoins de l’adolescent :
- Besoin de repos.
- Besoin de sécurité (certains adolescents peuvent vivre une grande peur : peur d’être comme ses parents et peur d’être différent de sa lignée ; grande ambivalence difficile à vivre).
- Besoin d’appartenance à un groupe et de lien social.
- Besoin de reconnaissance : l’adolescent a besoin d’être aimé, admiré, estimé : c’est le socle de la confiance en soi, qui permet d’oser, d’entreprendre, d’échouer sans s’effondrer.
- Besoin d’épanouissement : se reconnaître soi-même à ses propres yeux, se réaliser dans quelque chose. Besoin d’accomplir, rêver, créer.
Le rôle de l’adulte : l’autorité.
Il s’agit d’accompagner l’adolescent sur son chemin, ce qui est très différent du pouvoir et du rapport de force. L’autorité est une relation, une manière d’être (faire autorité), qui n’a rien à voir avec le fait d’être autoritaire (= rapport de pouvoir).
Les neurosciences :
L’adolescent veut être l’interlocuteur valable (être entendu et pris en compte dans nos avis).
Le neocortex (siège du discernement, centre de réflexion et de gestion des émotions) se développe jusqu’à l’âge de 25 ans, or ce sont les connexions synaptiques les plus souvent utilisées qui vont perdurer (que ce soit de bonnes ou de mauvaises expériences). Un adolescent ne peut pas réfléchir comme un adulte : à nous de leur apprendre à réfléchir et à développer leur centre de réflexion.
1- Passer un bon moment
2- Philosopher
L’oisiveté créative : les adolescents doivent se sentir dans la possibilité de créer, la liberté de penser, de dire et de changer d’avis (pas d’injonction et rappel de la loi en dernier recours).
La philosophie est une façon de voir la vie en se questionnant tout le temps sur tous les sujets et c’est une façon de s’ériger soi-même.
La souffrance :
- Ne pas aborder de sujets sensibles, rester sur du plus anodin (joie, bonheur, etc.).
- Si dérapage vers de la souffrance :
- élargir aux autres
- arrêter la discussion
- recadrer (est-ce que ça a un rapport avec le sujet ?)
- Gérer à part si problème grave
Écoute active : capacité à discerner le message au point de se poser des questions, aider l’autre à avancer par le questionnement.
Gérer la parole : faire en sorte que ceux qui parlent beaucoup laissent d’eux-mêmes la parole aux autres.
Le cercle de mercis : l’animateur prend la parole en dernier et donne un merci sincère et juste aux enfants qui n’ont pas eu de merci de leurs pairs et aussi à ceux qui ont su écouter (pas que parler).
Aller au-delà de nos jugements et valeurs, essayer de comprendre et se mettre d’accord. Ce n’est pas parce qu’on laisse dire quelque chose qu’on est d’accord et on peut aussi tomber d’accord.
Le support de départ : plus c’est fort en émotion, plus la discussion va partir. Conversation de départ sur le support puis partir vers des notions philosophiques comme la volonté, le choix, la liberté, etc.
Faire des allers-retours entre le concret, les exemples du quotidien et le concept.
Prendre soin du groupe (jeux de cohésion, etc.).
Temps : 30 minutes au début puis 1h maximum. Méditation courte (1 minute) puis on allonge (3-4 minutes) : au début (et à la fin aussi possible).