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Trêve de Noël
Les accueils du mardi ainsi que les navettes sont suspendus pendant les vacances de Noël.
Très bonnes fêtes de fin d'année à tous !
"Ça va durer longtemps cette mort ?"
Première phrase de mon roman en cours, commencé en résidence. Je suis restée dans cette phrase longtemps. J’ai interrogé tous ceux que j’ai croisés lors de ma résidence de six mois. J’ai compté, j’ai rencontré 542 personnes. Je veux dire vraiment. Il y en a beaucoup qui l’ont traversée cette phrase. Beaucoup plus que je l’imaginais. Elle est devenue familière.
Au lieu de dire bonjour, je disais : ça va durer longtemps cette mort ? Certains m’ont dit : oui, oui, ça a duré longtemps. D’autres me disaient qu’il avait été temps qu’elle vienne, le temps de voir. D’autres qu’il n’aurait pas fallu s’en occuper, qu’elle se débrouille très bien toute seule ; juste la regarder tranquillement. Une autre que justement, tiens, oui, elle en finirait bien maintenant, là, aujourd’hui, avec cette mort. Quand je suis arrivée chez moi, six mois après, j’ai compris que la phrase la plus importante, ce n’était pas la première, c’était la deuxième. Que la première avait fait son chemin chez les autres, tout à fait autonome, une traversée des consciences, en soulevant une histoire par-ci par-là.
Avec la première phrase, j’ai été insomniaque à écouter les fantômes aux portes des couloirs du château et des couloirs des vies et des morts. Avec la seconde phrase, « Et me mets à rire, à rire… un rire exponentiel, un rire de gros », je dors parfaitement chez moi, dans les bras de mon ours.
J’ai jeté 70 pages en rentrant chez moi ; elles racontaient la première phrase. Actuellement, j’ai 70 nouvelles pages : je ne jetterai pas celles-ci. On verra dans six autres mois, ce qu’il adviendra de la troisième phrase. »
En résidence sur le territoire du San de Sénart
« On vous a attendue devant la grille, brièvement, en éprouvant le plaisir d'une possible surprise, celle de vous voir dans l'encadrement d'une fenêtre. On se demandait dans quelle pièce vous étiez en train de turbiner : puis nous avons poursuivi notre chemin regardant en passant cette statue d'angelot tirant sur les rênes de son destrier marin... et en pédalant gaiement jusqu'à ce réservoir de livres, qu'est la médiathèque. »
Un lecteur de Chelles
« La chance folle, dans des temps précipités et assoiffés de contreparties monétaires, d’avoir devant soi six mois à l’abri de cette hâte et de cette cupidité, six mois cachée au fin fond d’un château fermé, avec pour seule compagnie un clavier, une cafetière et un cendrier, tout ce qu’il faut pour que la course-poursuite américaine entamée par les personnages du manuscrit parvienne à son terme, tranquillement, ici, au dernier étage du château, hors du temps. »
En résidence sur le territoire du San du Val Maubuée
« Pour moi qui avait adoré Debout et m'en étais inspiré pour ma pièce, c'était une rencontre magique. Je pensais en venant avoir ta dédicace mais j'étais loin d'imaginer que tu lirais ce que j'avais écrit. Les critiques sont constructives et celles que tu m'as faites m'ont aidé à avancer et à mieux travailler mes fins. J'étais fier que tu t'intéresses à mes histoires. J'aime écrire car j'aime aller au-delà du réel et mes textes me permettent de raconter mes peurs, mes rêves... »
Un jeune écrivain
« Qu'est-ce qu'on va faire au château ?
- Rencontrer un écrivain.
- Mais je ne veux pas être écrivain !
- Qu'en sais-tu ?
- (Silence songeur) »
Un élève du collège du Luzard
« Je ne peux pas être en résidence sans regarder ce qui m’entoure : la ville, les gens, le quartier… Ces rencontres-là sont un puits sans fond d’inspiration, peut-être pas sur le moment, peut-être pas identifiable mais qui reste là en bruit de fond bien après le temps de la résidence. C’est l’écho d’avoir été là qui nourrit toute la suite ! Parce que le temps propre de la résidence peut être un peu creux, un peu stérile… je dirais même en jachère et c’est souvent bien plus tard qu’elle sert ! »
En résidence à La Ferté-sous-Jouarre
« Je ne sais pas ce qu'il y a au fond du jardin.
- Ce n'est pas grave, invente, imagine.
- J'ai le droit de dire qu'il y a un village dans une cabane même si c'est pas possible ?
- Bien sûr, tu sais, un poète a écrit « La terre est bleue comme une orange », tu as tout les droits.
- (Stupéfaite) Il a vraiment écrit ça ? Ils sont fous, les poètes ! Je mets le village dans la cabane ! »
Une élève du collège du Luzard